samedi 30 mai 2015

Taxi Teheran


Titre : Taxi Teheran (Taxi)
Réalisateur : Jafar Panahi
Acteurs : Jafar Panahi
Date de sortie en France : 15 avril 2015
Genre : documentaire

Synopsis : 
Installé au volant de son taxi, Jafar Panahi sillonne les rues animées de Téhéran. Au gré des passagers qui se succèdent et se confient à lui, le réalisateur dresse le portrait de la société iranienne entre rires et émotion...

Avis : 
Avec Taxi Teheran, le spectateur est confronté à une situation assez particulière : en effet, le film doit surtout se regarder à la lumière de ses conditions de réalisation, des nombreuses restrictions dont est victime le réalisateur, Jafar Panahi. "Coupable" depuis le début de sa carrière d'aborder des thèmes sensibles en Iran (la condition des femmes dans Le Cercle et Hors jeu par exemple), le metteur en scène a vu ses films constamment interdit par le gouvernement... jusqu'à être interdit de réaliser des films en 2010.


Taxi Teheran est le troisième film qu'il réalise depuis cette interdiction. Remarquant que ce moyen de locomotion est un lieu où les dialogues s'engagent facilement, il choisit de jouer le rôle d'un conducteur et de filmer sur le vif des passagers anonymes en dissimulant des caméras dans le véhicule. Mais face au risque d'exposer des anonymes aux éventuelles représailles du régime, il engage des acteurs méconnus pour un vrai-faux documentaire.

Si l'on regrettera ce choix forcé, qui court-circuite un peu la spontanéité des échanges, le film de Panahi reste intéressant : sur le plan technique d'abord, le réalisateur parvenant à jouer sur les angles de vues, tirant le meilleur parti possible de son décor unique et exigu ; sur le plan narratif ensuite, chaque rencontre permettant d'aborder des thèmes forts (religion, place de la femme, censure...) tout en rappelant régulièrement la condition du réalisateur dans un pays qu'il n'a pas le droit de quitter et où il ne peut plus travailler.

Bref, Taxi Teheran est un film à voir au cinéma, ne serait-ce que parce qu'on a la chance, contrairemet aux iraniens, de pouvoir le découvrir salles. Véritable oeuvre de résistance, il brille plus par son caractère d'objet clandestin que pour ses qualités cinématographiques, même si l'on s'amuse, s'émeut et prend régulièrement position avec les passagers du taxi de Jafar Panahi.

Note : 6/10

mercredi 27 mai 2015

En route !


Titre : En route ! (Home)
Réalisateur : Tim Johnson
Acteurs : Jim Parsons, Rihanna, Steve Martin
Date de sortie en France : 15 avril 2015
Genre : animation, aventures

Synopsis : 
Les BOOVS, aliens à l’ego surdimensionné, choisissent, pour échapper à leurs ennemis jurés les GORGS, de faire de la Terre leur nouvelle planète d’adoption. Mais OH, l’un d’entre eux, va révéler accidentellement la cachette de son peuple... Contraint de fuir, il fait la connaissance de Tif, une jeune fille à la recherche de sa mère. Ensemble, ils vont devenir d’improbables fugitifs embarqués dans l’aventure de leur vie et vont réaliser que les enjeux auxquels ils font face sont beaucoup plus complexes que de simples mésententes intergalactiques…

Avis : 
"Courage, fuyons !" : voilà la devise des Boovs, race extraterrestre qui déménage de planète en planète afin d'échapper aux Gorgs, qui les poursuivent depuis bien longtemps. Et cette fois, c'est sur Terre qu'ils débarquent, pour une invasion rondement menée... avant que Oh ne commette l'irréparable, et se retrouve embarqué avec la jeune Tif, qui recherche sa mère.


Le thème de l'alliance entre deux fugitifs que tout semble opposer (la jeune fille extravertie obsédée par la volonté de retrouver sa mère, et l'alien sérieux mais maladroit issu d'une race où l'individu n'existe pas) est assez classique, mais va parfaitement fonctionner, les deux personnages étant touchants, notamment grâce à l'influence de Tif sur Oh, mais aussi grâce à une des caractéristiques principales de l'alien : il change de couleur selon ses émotions. Le Jar-Jar Binks local passe ainsi du rouge au vert en passant par le bleu dans des passages souvent amusants.

De façon très claire, En route ! mise d'ailleurs tout sur le délire visuel et sonore : il ya presque constamment de la musique, et l'écran est inondé de couleurs, celles des Boovs évidemment, mais aussi celles des changements qu'ils opèrent à notre planète, et notamment à Paris, avec d'innombrables nuages d'objets dont ils n'ont aucun usage, comme les cuvettes de toilette ou les bicyclettes, où la Tour Eiffel victime d'un appareil contrôlant la gravité dans une séquence très spectaculaire.

Du très classique donc avec En route ! qui, s'il n'atteint pas le niveau des Croods ou de Dragons 2, reste un divertissement de qualité, très réussi sur le plan visuel mais plus orienté enfants que les plus grandes réussites du studio. Un très bon moment donc, rythmé, drôle et touchant, avec une gentille morale et des rebondissements assez prévisibles.

Note : 7/10


dimanche 24 mai 2015

Mad Max : Fury road


Titre : Mad Max : fury road
Réalisateur : George Miller
Acteurs : Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult
Date de sorte en France : 14 mai 2015
Genre : action, science-fiction

Synopsis : 
Hanté par un lourd passé, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Cependant, il se retrouve embarqué par une bande qui parcourt la Désolation à bord d'un véhicule militaire piloté par l'Imperator Furiosa. Ils fuient la Citadelle où sévit le terrible Immortan Joe qui s'est fait voler un objet irremplaçable. Enragé, ce Seigneur de guerre envoie ses hommes pour traquer les rebelles impitoyablement…

Avis : 
Il aura donc fallu attendre 30 ans après le médiocre Max Max : au-delà du Dôme du tonnerre pour que le personnage interprété à l'époque par Mel Gibson revienne sur nos écrans. Trente ans d'annonces contradictoires, de retours manqués, de projets annulés pour qu'enfin débarque ce Mad Max : fury road, attendu comme le messie à une époque où le cinéma de genre est devenu bien trop sage, et où les remakes et relectures se succèdent sans aucune ambition. Mais ça, c'était avant que George Miller, bien loin d'Happy Feet ou de Babe 2, revienne à ses premières amours pour tout faire péter.


Peu de films peuvent se vanter d'avoir généré autant d'attentes que le quatrième volet de la saga consacrée au Road Warrior. Encore moins peuvent prétendre y avoir répondu, et ceux qui ont dépassé les espoirs les plus fous se comptent sur les doigts d'une main ayant imprudemment tenté de rattraper un boomerang au vol. Fury Road est de ces oeuvres là : tout ce que vous espériez est là, et même beaucoup plus. Suivant la maxime "too much is never enough", le film nous en fout plein les yeux et plein les oreilles pendant 2 heures, allant jusqu'à faire passer Max Max : le défi pour un film d'action plutôt calme et gentillet.

A l'image de ce second volet, Mad Max 4 transcende des éléments qui auraient pu faire sombrer le tout dans une ringardise insupportable : scénario réduit à sa plus simple expression, personnage principal on ne peut plus archétypal (que Miller ose d'ailleurs reléguer au second plan pendant un long moment), méchants aux looks improbables, clins d'oeil pas toujours très fins, ralentis et accélérations, répliques honteusement destinées à devenir cultes et une furieuse tendance à toujours en rajouter, quitte à nous balancer le dies irae de Verdi en pleine course-poursuite ou à insister lourdement sur la présence d'un char occupé par un guitariste infernal. Et franchement, tous ces ingrédients qui auraient pu provoquer l'indigestion se marient à merveille, tous ces petits défauts qui auraient été handicapants pour n'importe quel autre film deviennent autant de détails jubilatoires... et on en redemande.


Le film ne nous laisse ainsi aucun répit, et nous réserve des scènes de poursuite dans le désert interminables et absolument fabuleuses, avec des dizaines de véhicules, dont les occupants voltigent de véhicule en véhicule : je n'ai franchement pas le souvenir d'avoir déjà vu ça au cinéma, en tout cas pas dans Fast & furious 14, ni même dans les deux premiers Mad Max. Le sens du rythme de Miller fait des merveilles, les cascades et les décors naturels renforcent l'intensité de l'action, et le duo Hardy / Theron fonctionne parfaitement.

Bref, Mad Max : Fury road est LE film qu'on attendait... et qui parvient à nous offrir en se montrant encore plus furieux, encore plus intense que dans nos plus fous espoirs. Une oeuvre épique, une série B monstrueusement jouissive qui dynamite le cinéma actuel, que l'on a envie de revoir à peine sorti de la salle. On en vient même à redouter la (les ?) suite déjà annoncée, tant il risque d'être compliqué de passer après ce monument...

Note : 9,5/10


jeudi 21 mai 2015

La Dame en noir


Titre : La Dame en noir (The Woman in black)
Réalisateur : James Watkins
Acteurs : Daniel Radcliffe, Ciaran Hinds, Janet McTeer
Date de sortie en France : 14 mars 2012
Genre : épouvante, fantastique

Synopsis : 
Arthur Kipps, jeune notaire à Londres, est obligé de se rendre dans le petit village perdu de Crythin Gifford pour régler la succession d’une cliente récemment décédée. Dans l’impressionnant manoir de la défunte, il ne va pas tarder à découvrir d’étranges signes qui semblent renvoyer à de très sombres secrets. Face au passé enfoui des villageois, face à la mystérieuse femme en noir qui hante les lieux et s’approche chaque jour davantage, Arthur va basculer dans le plus épouvantable des cauchemars…

Avis : 
Sorti en 2012, La Dame en noir attisait avant même son arrivée en salle la curiosité pour deux raisons : d'une part, la promesse de revenir aux sources de la Hammer, pas celle du néanmoins réussi Laisse-moi entrer (remake de l’encore plus réussi Morse), mais celle des mystères camouflés par la brume, du fantastique ancré dans l’Angleterre classique ; et d'autre part la présence en tête d'affiche de Daniel Radcliffe, pour son premier rôle post-Harry Potter.


Dès son introduction, le film de James Watkins (Eden Lake) réussit à nous intriguer et, nonobstant une histoire assez classique, va nous passionner jusqu’au bout, notamment grâce à des moments forts relançant constamment l’intérêt du film. Mais c’est surtout par une autre de ses qualités que le film convainc réellement : son ambiance. Oubliez toutes les foires au jump-scare grotesque de la plupart des films d’angoisse de ces dernières années pour savourer enfin une oeuvre qui prend le temps de doser ses effets sans les amplifier artificiellement en faisant exploser le son, qui ne fait ici qu’accompagner les diverses manifestations surnaturelles, un peu à la manière d’un Kaïro.

Des manifestations souvent subtiles, en arrière plan, dans un coin de l’écran, qui donnent aux visites de la maison abandonnée au milieu d’un paysage magnifique autant d’occasions de véritablement frissonner. Un sentiment d’autant plus présent que l’on n’y a que peu de moments de répit, le personnage d’Arthur Kipps semblant constamment surveillé, épié par la fameuse dame en noir. On n’évitera certes pas quelques sursauts, mais ils ne viennent que ponctuer de remarquables mises en situation. Seul véritable bémol à ce niveau, le fantôme, assez raté quand on le voit enfin de près.

 Enfin, difficile de ne pas évoquer la musique, très réussie, de Marco Beltrami, qui souligne à merveille les passages les plus effrayants, ou cette atmosphère gothique particulièrement réussie, entre costumes d’époque, villageois mystérieux, ce côté un peu distingué dans son approche du fantastique, et cette brume qui emprisonne par moments Daniel Radcliffe comme elle pouvait le faire avec Johnny Depp dans une autre oeuvre renvoyant aux classiques de la Hammer, Sleepy Hollow.

 La Dame en noir tient donc toutes ses promesses, et James Watkins nous offre une oeuvre fantastique particulièrement réussie, brillant hommage aux éléments qui ont fait le succès de la Hammer. Si Daniel Radcliffe réussit rapidement à nous faire oublier son précédent rôle, le film parvient quant à lui à surprendre en installant une ambiance vraiment inquiétante, ce qui est trop rare ces dernières années, en osant prendre son temps pour doser ses effets angoissants.

Note : 7,5/10



lundi 18 mai 2015

Aux yeux des vivants


Titre : Aux yeux des vivants
Réalisateur : Julien Maury, Alexandre Bustillo
Acteurs : Anne Marivin, Theo Fernandez, Francis Renaud
Date de sortie en France : 30 avril 2014
Genre : horreur

Synopsis : 
Fuyant leur dernier jour d’école, Dan, Tom et Victor, trois adolescents inséparables, se perdent dans la campagne avant de s’engouffrer dans les méandres d’un studio de cinéma abandonné depuis des années. Un lieu décrépi devenu depuis le repère d’Isaac et Klarence Faucheur, un homme et son étrange fils, bien décidés à ne pas laisser le trio dévoiler leurs sombres secrets aux yeux des vivants.

Avis : 
A l'image du cinéma horrifique international, le cinéma d'horreur et d'épouvante français est clairement en perte de vitesse, la faute à un manque d'imagination et une frilosité trop présentes. Parmi la vague actuelle de réalisateurs de genre de l'hexagone, Julien Maury et Alexandre Bustillo se démarquent un peu de leurs collègues grâce à une vraie générosité, une démarche sincère (le duo a d'ailleurs refusé de s'exiler aux Etats-Unis, préférant garder le contrôle maximum sur leurs oeuvres, quitte à bénéficier de moyens et d'exposition bien moindres), un peu gâchés par une grosse tendance à la citation.


On retrouve tous ces éléments dans leur dernier film en date, Aux yeux des vivants, rencontre improbable entre Stand by me et Rob Zombie. Le film commence comme une chronique adolescente, avec ces gamins vaguement rebelles, pas très crédibles (les souffre-douleurs trop cool, qui fument des cigarettes éteintes, ça ne fonctionne pas), avant de sombrer dans un mélange de survival et de slasher sans surprise mais relativement efficace.

Si le boogeyman du film ne dégage absolument rien, certains passages sont marquants, notamment pendant la visite du décor de cinéma abandonné ou quand le tueur se trouve dans la maison d'une des familles. Quelques moments très réussis, très efficaces, même si la sensation de déjà-vu est comme toujours très présente. A l'image du trio de héros, Aux yeux des vivants est ainsi plutôt sympathique, mais manque cruellement de personnalité.

A l'image d'A l'intérieur puis de Livide, il manque un petit quelque chose à ce film de Maury et Bustillo pour s'élever au-dessus du simple petit divertissement horrifique qu'on aura aussi vite vu qu'oublié. Dommage, parce qu'on sent une nouvelle fois un potentiel monstre...

Note : 4,5/10


vendredi 15 mai 2015

Pyramide


Titre : Pyramide (The Pyramid)
Réalisateur : Grégory Levasseur
Acteurs : Ashley Hinshaw, Denis O'Hare, James Buckley
Date de sortie en France : 6 mai 2015
Genre : épouvante, horreur

Synopsis : 
En Égypte, en plein désert, des archéologues découvrent une pyramide unique en son genre. En y pénétrant, ils vont affronter bien plus qu’une malédiction. Ils sont piégés au cœur d’un labyrinthe, et quelque chose les traque…

Avis : 
Habituellement abonné aux rôles de coscénariste et de réalisateur de seconde équipe pour les films de son ami Alexandre Aja (Haute tension, Horns), Grégory Levasseur réalise enfin son premier long-métrage avec Pyramide. L'histoire est assez classique, avec ce groupe d'archéologues se perdant dans une pyramide et rapidement confronté à une menace mortelle.


Pâle copie de l'excellent The Descent, Pyramide va très vite tuer les maigres espoirs que pouvait avoir le spectateur en se contentant d'aligner mollement les poncifs et les incohérences, livrant un groupe de personnages sans intérêt à une suite de pièges d'une remarquable banalité. La seule surprise viendra en fait de la nature de la menace... qui fera basculer le film du quelconque au grotesque, les effets spéciaux très moyens n'étant pas le pire défaut d'une idée franchement mauvaise et mal exploitée.

Le décor, pourtant prometteur, de la pyramide n'est par ailleurs pas du tout exploité. En fait, on n'y voit pas grand chose d'autre que quelques hiéroglyphes, le reste étant sans doute volontairement camouflé par le recours régulier à ces insupportables et illisibles images prises par les protagonistes portant une caméra. Dommage, car certains angles de vue plus classiques se révèlent plutôt efficace pour faire naître une certaine angoisse... retombant hélas très rapidement.

On préférera donc pour le moment voir Grégory Levasseur rester dans l'ombre d'Alexandre Aja : son premier long-métrage est destiné à se noyer dans la masse des films d'horreur et d'épouvante sans intérêt que l'on croise par dizaines ces dernières années...

Note : 2,5/10


mercredi 13 mai 2015

Mad Max au-delà du Dôme du Tonnerre


Titre : Mad Max au-delà du Dôme du Tonnerre (Max Max beyond Thunderdome)
Réalisateur : George Ogilvie, George Miller
Acteurs : Mel Gibson, Tina Turner, Frank Thring
Date de sortie en France : 25 septembre 1985
Genre : action, science-fiction

Synopsis : 
Max, de retour, s'est fait dépouiller de son maigre bien. Suivant le voleur, il arrive à la Ville du Troc, où règne Entity. Celle-ci l'engage pour qu'il la débarrasse de Master et Blaster, rois du Monde souterrain. N'ayant voulu tuer Blaster, Max est abandonné en plein désert, d'où il ressurgit à la tête d'une troupe d'enfants pour faire exploser la Ville du Troc.

Avis : 
La frontière entre ringard et non-ringard est parfois très mince : Mad Max 2 réussissait à éviter le ridicule malgré de nombreux éléments qui auraient pu prêter à rire, d'un visuel proche du grotesque à une omniprésence des stéréotypes. Avec Max Max 3, il y a apparemment peu de différences... mais cela suffit à faire basculer le film du côté du nanar de haute volée.


La première moitié du film reprend l'aspect western post-apocalyptique, où Max devient cette fois un gladiateur devant lutter pour retrouver sa liberté. Les costumes sont aussi loufoques que dans le volet précédent... mais attirent cette fois le film dans le ridicule le plus total. De MasterBlaster à Entity, tous les personnages rivalisent de ringardise, jusqu'à Max lui-même, devenu l'ombre de lui-même. Mais ça, c'est encore la meilleure partie du film.

Car la seconde moitié va aller encore plus loin, faisant de Max une figure messianique grotesque chargé de sauver un groupe d'allumés en détruisant au passage la ville du vice. Après le film d'anticipation nihiliste, la série B d'action / science-fiction jouissive, voilà donc le gentil film d'aventures avec le gentil héros qui sauve des innocents enfants ! En plus d'être très conne, cette partie est souvent très moche, et à l'exception de la poursuite finale, qui reprend celle de Max Max le défi (mais en moins maîtrisée), il ne se passe pas grand chose.

Mad Max 3 expose donc toutes les frontières du ridicule que son prédécesseur parvenait à éviter. Si la première moitié du film parvient encore à donner le change, la suite se vautre dans le ridicule et le prosélytisme les plus gênants, flinguant le personnage de Max en le transformant en héros des enfants... Pas étonnant que la saga ait ensuite mis 30 ans à revenir !

Note : 3/10



lundi 11 mai 2015

Là-haut


Titre : Là-haut (Up !)
Réalisateur : Pete Docter, Bob Peterson
Acteurs : Edward Asner, Jordan Nagai, Bob Peterson
Date de sortie en France : 29 juillet 2009
Genre : animation, aventures

Synopsis : 
Carl est un monsieur de 78 ans, un peu bougon, qui a vendu des ballons toute sa vie. Aujourd'hui, il risque de perdre la petite maison qu'il a autrefois bâtie avec sa femme disparue. Aussi imaginatif et peu décidé à se laisser faire, il attache des milliers de ballons à sa maison qui s'envole. Enfin Carl va vivre la vie d'aventures que lui et sa bien-aimée s'étaient promise !

Avis : 
Dixième long-métrage des studios Pixar, Là-haut marque une certaine originalité en mettant au premier plan un héros bien différent de ceux que l'on voit habituellement dans les films d'animation de ce genre : en effet, Carl Fredricksen n'est pas un animal parlant, n'est pas un super-héros, n'est pas un jouet animé. Carl est un vieillard dont la femme est décédée depuis plusieurs années, et qui semble condamné à vivre dans le passé alors que le monde évolue autour de lui... jusqu'à un accident et une rencontre qui vont bouleverser sa vie.


Après une première partie formidable, dont la sobriété, la mélancolie et la poésie rappellent la magnifique introduction de Wall-e, le film accélère avec la rencontre avec Russell puis le fameux envol de la maison avec les centaines de ballons dans un passage visuellement sublime, avant d'arriver en Amérique du Sud. Là, le film reprend des thématiques plus classiques, avec le choc entre générations, des animaux parlants et ces citadins confrontés à une nature hostile.

Le duo devient un quatuor haut en couleurs avec le chien Doug et l'oiseau Kevin, et devra affronter le terrible Charles Muntz et son armée de molosses dans une aventure très rythmée, aux nombreux gags réussis (écureuil !). Là-haut mélange les genres, et se montre tour à tour drôle et touchant, sans aucun temps mort, et on s'attache extrêmement vite à ce groupe hétéroclite

Là-haut reste, avec Wall-e, mon Pixar préféré. Avec ses héros inattendus, son ambiance particulière et son propos intelligent, il possède une incroyable poésie qui vient soutenir une aventure très réussie, visuellement époustouflante. Une vraie pépite !

Note : 9,5/10


samedi 9 mai 2015

Les Héritiers


Titre : Les Héritiers
Réalisateur : Marie-Castille Mention-Schaar
Acteurs : Ariane Ascaride, Ahmed Dramé, Noémie Merlant
Date de sortie en France : 3 décembre 2014
Genre : drame

Synopsis : 
Un professeur du lycée Léon Blum de Créteil (Val-de-Marne), décide de faire passer un concours qui a pour thème  : "les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi" à sa pire classe de seconde. Cette expérience va changer leurs vies.

Avis : 
Inspiré de l'histoire réelle de la classe de seconde d'Ahmed Dramé, lauréat en 2009 du Concours national de la résistance et de la déportation, Les Héritiers nous raconte donc l'histoire d'une classe à problèmes d'un lycée de banlieue qui va, grâce à un travail de mémoire sur les pires heures de l'Histoire de France, voir la vie autrement. Evidemment, il n'est jamais vain de rappeler les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale et de l'Holocauste, et on ne peut que saluer la volonté de se baser sur ces faits pour délivrer un message d'espoir pour les futures générations. Le problème, c'est qu'il faut aussi tirer un film de cette excellente idée de base, et c'est là que Les Héritiers va rapidement trouver ses limites.


Il est en effet difficile de croire à ce que l'on voit à l'écran, le récit étant trop décousu, souvent elliptique, permettant à toutes les situations de crise de se résoudre (ou pas ?) sans que nous en soyons témoins : l'agressivité d'un élève converti à l'Islam, les menaces de viol sur une élève, le racisme d'un père de famille, l'agression d'un professeur... Tout cela apparaît puis disparaît miraculeusement, comme s'il fallait rappeler le statut d'établissement à problèmes tout en s'efforçant de gommer immédiatement ces passages.

De même, l'évolution de la classe ne suit aucune logique, aucun fil rouge, et en dehors de deux élèves au parcours prévisible (dont la rebelle qui refuse de participer mais va quand même intégrer le groupe après avoir découvert Simone Veil), aucune progression tangible. Au contraire, ils deviennent miraculeusement géniaux d'un plan à l'autre, et passent du désintérêt à la motivation totale le temps d'un battement de cil. Ce manque de crédibilité vient même parasiter certains passages forts : à force de nous présenter des adolescents aux réactions improbables (l'élève qui ne parle jamais mais qui devient finalement la star de la classe), on finit par douter de la sincérité de la classe lors du témoignage d'un véritable déporté (Léon Zyguel), que la réalisation fait presque passer pour un acteur plutôt que comme une victime réelle !

Bref, Les Héritiers, c'est une formidable idée de base qui donne un film très moyen, se contentant de se cacher derrière cette idée sans jamais chercher à travailler ses personnages ou leurs idées. On en devient presque cynique à l'égard de cette histoire inspirée de faits réels qui ne véhicule ni émotion, ni réflexion...

Note : 4/10


mercredi 6 mai 2015

Mad Max 2 - le défi


Titre : Mad Max - le défi (Mad Max 2: The Road Warrior)
Réalisateur : George Miller
Acteurs : Mel Gibson, Bruce Spence, Vernon Wells
Date de sortie en France : 11 août 1982
Genre : action

Synopsis : 
Dans un futur non défini, les réserves de pétrole sont épuisées et la violence règne sur le monde. Max, un ancien de la sécurité routière, se porte aux secours d'une communauté de fuyards aux prises avec des pirates de la route. La bataille se concentre autour d'une citerne de raffinerie.

Avis : 
Après un premier film très sombre, Mad Max revient dans une suite bien différente. Au menu : western post-apocalyptique, ambiance beaucoup plus légère, action plus présente pour une monstrueuse série B qui va tout emporter, flirtant souvent avec les limites de la ringardise sans jamais (ou si rarement) y tomber, contrairement à sa future suite, Mad Max au-delà du Dôme du Tonnerre.


L'histoire est très simple : il s'agit du siège d'une place fortifiée par des méchants brigands. Et quels brigands ! Adeptes de la tenue SM, tout en chaînes et en cuir, menés par un géant à moitié à poil portant un masque de hockey, leur vie semble se limiter à être violent et zoner sur leurs véhicules. Côté gentils, ce n'est pas bien plus original : aux côtés de Max, on trouvera le sidekick comique classique, le gamin sauvage et un groupe de gentils courageux.

Et pourtant, de façon assez miraculeuse, ça fonctionne parfaitement ! Placée dans une multitude de passages cultes (le boomerang, la poursuite finale), cette galerie de stéréotypes nous divertit parfaitement grâce au sens du rythme, du spectaculaire et l'humour de George Miller, couplé à un Mel Gibson passant soudainement du anti-héros à l'icône cinématographique, cynique - mais pas trop, égoïste - mais pas trop, individualiste - mais pas trop.

Bref, ce Mad Max 2 s'ouvre à un public bien plus large, abandonnant l'atmosphère pesante de l'original pour une ambiance plus série B, développant l'univers entraperçu dans Mad Max pour verser totalement dans un monde post-apocalyptique qui sera copié des dizaines de fois. Une réussite que l'on pouvait attendre vu la qualité du premier volet, mais qui se révèle pourtant étonnante vu le nombre d'éléments au fort potentiel de ringardise qui étaient réunis !

Note : 8/10



lundi 4 mai 2015

Avengers : l'ère d'Ultron


Titre : Avengers : l'ère d'Ultron (The Avengers : Age of Ultron)
Réalisateur : Joss Whedon
Acteurs : Robert Downey Jr., Chris Evans, Mark Ruffalo
Date de sortie en France : 22 avril 2015
Genre : action, super-héros

Synopsis : 
Alors que Tony Stark tente de relancer un programme de maintien de la paix jusque-là suspendu, les choses tournent mal et les super-héros Iron Man, Captain America, Thor, Hulk, Black Widow et Hawkeye vont devoir à nouveau unir leurs forces pour combattre le plus puissant de leurs adversaires : le terrible Ultron, un être technologique terrifiant qui s’est juré d’éradiquer l’espèce humaine.

Avis : 
Après la seconde vague de films consacrés aux super-héros (Iron Man 3, Thor : le monde des ténèbres, Captain America : le soldat de l'hiver), et porté par le succès phénoménal du premier volet, voici donc Avengers 2, toujours réalisé par Joss Whedon. Après la menace incarnée par Loki, c'est cette fois l'intelligence artificielle Ultron qui va se retourner contre Tony Stark et ses compagnons.

Le premier Avengers avait été plutôt décevant, la faute à un gros manque de rythme dans la première partie, la faute également à un gros manque d'ambition, Joss Whedon se contentant de nous balancer un film de super-héros sans aucune aspérité ni violence pour plaire au plus grand nombre. Avec L'ère d'Ultron, l'objectif reste le même, peut-être même encore renforcé par les résultats du premier : pendant plus de deux heures, ça va faire boum-boum et éviter soigneusement d'explorer les nombreuses pistes de réflexion ou d'émotion qu'aurait pu offrir le film.


Dommage, parce qu'entre Ultron ou les jumeaux, il y avait sans doute de quoi nous donner un peu de finesse. Le premier devient finalement méchant en une minute chrono, les seconds deviennent gentils le temps d'une image subliminale. N'espérez pas non plus voir les personnages principaux étoffés : on apprendra que Hawkeye, un peu mis en avant ici, a une famille, et Scarlett Johansson et Mark Ruffalo se tournent autour comme des personnages de sitcoms. Même les nombreuses tentatives d'humour tombent régulièrement à plat, même si l'on sourit quelquefois (le gag récurrent sur le poids du marteau de Thor, par exemple).

Il faudra donc se contenter de l'action, pas toujours lisible ni efficace (le plan-séquence de début est d'une incroyable laideur), mais qui permet de passer plus de deux heures sans trop s'ennuyer, sans se fatiguer et sans le sentiment de se souvenir du film dans quelques semaines. Avengers : l'ère d'Ultron est donc totalement conforme à ses promesses, celles d'un film pop-corn vite consommé et vite jeté. Cela suffira sans doute à faire péter le box-office, mais on aimerait quand même un peu plus d'audace - juste un peu !

Note : 6/10


samedi 2 mai 2015

Ouija


Titre : Ouija
Réalisateur : Stiles White
Acteurs : Olivia Cooke, Ana Coto, Daren Kagasoff
Date de sortie en France : 29 avril 2015
Genre : épouvante

Synopsis : 
Après avoir perdu Debbie, son amie d'enfance, dans des circonstances atroces, Laine tombe sur une vieille planchette Ouija dans la chambre de Debbie et tente alors d'y jouer pour dire "Au revoir" à la disparue… Pour l'heure, seul Pete, petit copain de Debbie, accepte de l'aider. Convaincue qu'il ne peut s'agir d'un suicide, Laine mène l'enquête et découvre que l'esprit convoqué par la planchette se fait appeler "DZ" et tient à poursuivre la partie coûte que coûte…Tandis que des événements de plus en plus étranges se multiplient, Laine sollicite l'aide de sa sœur cadette Sarah, de son amie Isabelle et de son petit copain Trevor.Peu à peu, les cinq adolescents se plongent dans l'histoire de la maison de Debbie et comprennent que leur amie n'était ni la première victime, ni la dernière. Et s'ils ne parviennent pas à refermer le portail qu'ils ont dangereusement ouvert, ils connaîtront le même sort que celle qui les a initiés au jeu de Ouija…

Avis : 
Un film d'épouvante, par un mec qui a débuté en travaillant sur les effets spéciaux (on le sait, ils deviennent rarement bons réalisateurs...), puis en écrivant les scénarios de Boogeyman : la porte des cauchemars et de Possédée : faut bien l'avouer, ça sentait dès le départ pas très bon. Quand en pus le film ressort du Festival de Gérardmer, où il est pourtant fréquent de porter des films très moyens aux nues, avec une réputation catastrophique, c'est une curiosité malsaine qui nous incite à découvrir Ouija.


L'avantage, c'est qu'on a exactement ce qu'on était venu chercher. L'inconvénient, c'est le même. Oui, le film de Stiles White est merdique. Dans un cinéma horrifique déjà habitué aux purges sans ambition ni intérêt, il réussit même à être encore plus triste que les autres, la faute à une paresse de tous les moments et à un refus catégorique de faire peur, de proposer de la nouveauté ou d'éviter les incohérences et idioties.

L'idée du spiritisme et du ouija n'est certes pas neuve, mais on aurait pu espérer un minimum d'efficacité : il n'en sera rien. Le réalisateur ne soigne même pas ses jump-scares, comme pleinement conscient que, de toute façon, cela ne changera rien à l'absence totale de frisson de son oeuvre. Il se désintéresse également de son scénario, choisissant de longs monologues d'explications tombant du ciel et nous perdant assez rapidement.

Le seul point remarquable de ce Ouija est finalement d'être aussi plat que l'objet en question. Une nouvelle étape dans l'appauvrissement généralisé du cinéma d'épouvante-horreur qui montre que oui, on peut toujours faire pire, et que nous, ça n'empêche pas les gens d'aller au cinéma, le film ayant fait un carton aux Etats-Unis...

Note : 1/10