dimanche 18 janvier 2015

Timbuktu


Titre : Timbuktu
Réalisateur : Abderrahmane Sissako
Acteurs : Ibrahim Ahmed dit Pino, Toulou Kiki, Abel Jafri
Date de sortie en France : 10 décembre 2014
Genre : drame

Synopsis : 
Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, Kidane  mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan, son petit berger âgé de 12 ans. En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des djihadistes qui ont pris en otage leur foi.

Avis : 
Sélectionné dans la catégorie "Meilleur film en langue étrangère" pour les Oscars 2015, Timbuktu nous fait suivre la vie de villageois musulmans confrontés à la tyrannie des extrémistes interprétant la religion à leur convenance afin d'imposer tout un ensemble de règles, de codes et des châtiments aussi iniques que grotesques.


Avec finesse et humour, Sissako va dénoncer l'obscurantisme religieux, en montrant des situations choquantes et surréalistes, avec des interdictions saugrenues (l'obligation pour les femmes de porter des gants et des chaussettes) et des peines démesurées et choquantes, qui paraissent issues d'un autre âge : fouet et lapidation viennent sanctionner ceux qui joueraient de la musique ou joueraient au football.

Sans forcer le trait, réussissant même à décrire les extrémistes comme des êtres humains (presque) normaux, qui peuvent être sensibles à la détresse mais qui restent retranchés derrière leur conception biaisée de la religion (voir le passage étonnant du mariage forcé, qui montre sans aucune forme de violence toute l'ampleur de la volonté de soumission prétendument fondée sur les textes), Sissako fait mouche, notamment avec le destin de Kidane, rattrapé par la violence et une justice qui, si elle n'est pas nécessairement injuste (il est condamné pour un meurtre), montre rapidement ses limites éthiques.

Bref, Timbuktu est un film très fort, très intelligent, qui amène à profondément réfléchir sur les dérives d'une religion, d'autant que ces dérives sont décrites de façon précise, sans verser dans une caricature qui aurait amoindri le propos. Une magnifique réussite, poignante et puissante, et traversée de quelques moments de grâce, comme ce magnifique match de football sans ballon.

Note : 9/10


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