mercredi 30 juillet 2014

Maléfique


Titre : Maléfique (Maleficent)
Réalisateur : Robert Stromberg
Acteurs : Angelina Jolie, Elle Fanning, Sharlto Copley
Date de sortie en France : 28 mai 2014
Genre : fantastique

Synopsis : 
Maléfique est une belle jeune femme au coeur pur qui mène une  vie idyllique au sein d’une paisible forêt dans un royaume où règnent le bonheur et l’harmonie. Un jour, une armée d’envahisseurs menace les frontières du pays et Maléfique, n’écoutant que son courage, s’élève en féroce protectrice de cette terre. Dans cette lutte acharnée, une personne en qui elle avait foi va la trahir, déclenchant en elle une souffrance à nulle autre pareille qui va petit à petit transformer son coeur pur en un coeur de pierre. Bien décidée à se venger, elle s’engage dans une bataille épique avec le successeur du roi, jetant une terrible malédiction sur sa fille qui vient de naître, Aurore. Mais lorsque l’enfant grandit, Maléfique se rend compte que la petite princesse détient la clé de la paix du royaume, et peut-être aussi celle de sa propre rédemption.

Avis : 
C'est l'un des personnages les plus fascinants des dessins-animés classiques de Disney : Maléfique, la grande méchante de La Belle au bois dormant, qui volait largement la vedette aux autres personnages d'un des dessins-animés les moins intéressants du studio. 55 ans plus tard, la revoilà pour un film live, interprétée par Angelina Jolie pour une histoire tenant autant de la préquelle, du remake et du spin-of.


Avec un tel personnage, on pouvait espérer une histoire torturée, sombre et mature : nous aurons tout le contraire, et Maléfique va très vite abandonner l'ambiance pesante de ses premières minutes, où la fée était trahie par son unique amour à l'ambition démesurée (Sharlto Copley, qui s'égare encore un peu plus après le remake d'Oldboy), pour s'aventurer sur le chemin des bons sentiments, du conte lisse et bien pensant sans aucune aspérité.

Le long d'un récit sans aucune surprise, le film reprend les éléments phares du dessin-animé (les bonnes fées, la malédiction, le prince charmant, le corbeau, le dragon...) pour les détourner sans grande imagination. L'horrible fée devient peu à peu une gentille marraine, sa colère et sa soif de vengeance se transforment peu à peu en amour pour une Aurore (Elle Super 8 Fanning) parvenant à être encore plus irritante que dans l'oeuvre originale !

Il n'y a finalement que dans la reprise de Once upon a dream par Lana Del Rey que la promesse sera respectée. En dehors de cela, on ne pourra se rabattre que sur un visuel très travaillé, bien qu'assez banal ces dernières années, et une Angelina Jolie plutôt convaincante dans le rôle principal. Mais un tel personnage méritait tellement mieux que cette guimauve...

Note : 3/10


lundi 28 juillet 2014

La Chambre bleue


Titre : La Chambre bleue
Réalisateur : Mathieu Amalric
Acteurs : Mathieu Amalric, Léa Drucker, Stéphanie Cléau
Date de sortie en France : 16 mai 2014
Genre : thriller, policier

Synopsis : 
- Dis- moi Julien, si je devenais libre,  tu te rendrais libre aussi ?
- Tu dis ?...
Un homme et une femme s’aiment en secret dans une chambre, se désirent, se veulent, se mordent même. Puis s’échangent quelques mots anodins après l’amour. Du moins l’homme semble le croire. Car aujourd’hui arrêté, face aux questions des gendarmes et du juge d’instruction, Julien cherche les mots. « La vie est différente quand on la vit et quand on l’épluche après-coup. »

Avis : 
Adaptation du roman de Georges Simenon, La Chambre bleue est un thriller policier bien particulier : en effet, le film de Mathieu Amalric (La Vénus à la fourrure, The Grand Budapest Hotel) va suivre une structure et un développement bien particuliers en choisissant d'éclater sa chronologie, au risque de perdre le spectateur, en mêlant de nombreuses scènes d'interrogatoire et des passages montrant rétrospectivement la réalité des faits.


endant une bonne partie du film, nous ne saurons ainsi pas de quel crime est accusé le personnage principal, le film restant volontairement nébuleux sur les enjeux, à l'image d'un thriller hitchcockien. Amalric choisit d'ailleurs de se concentrer sur l'aspect sensitif de son film, insistant sur le son, l'image ou même le toucher. Cela donne une oeuvre assez particulière, expérimentale, ne se livrant que par petites touches... jusqu'à provoquer l'ennui.

Car à force de lenteur, à force de non-dits et de redondances (les interrogatoires se ressemblent tous, et ne font qu'avancer très lentement l'histoire), le film finit par perdre tout intérêt et ressemble peu à peu à une simple démonstration technique, où l'intrigue s'épaissit et se dévoile en même temps dans une indifférence totale, et où l'on ne pourra pas voir tous les indices nécessaires à la compréhension de l'affaire.

En fait, le constat est assez particulier : La Chambre bleue est un film qui nécessite sans doute d'être revu pour être totalement compris... mais en aura-t-on vraiment envie ? Personnellement, non, alors même que j'aime beaucoup Mathieu Amalric...

Note : 3,5/10


vendredi 25 juillet 2014

L'Île de Giovanni


Titre : L'Île de Giovanni (Giovanni no shima)
Réalisateur : Mizuho Nishikubo
Acteurs : Kota Yokoyama, Junya Taniai, Polina Ilyushenko
Date de sortie en France : 28 mai 2014
Genre : animation, guerre, drame

Synopsis : 
1945 : Après sa défaite, le peuple japonais vit dans la crainte des forces américaines. Au nord du pays, dans la minuscule île de Shikotan, la vie s'organise entre la reconstruction et la peur de l'invasion. Ce petit lot de terre, éloigné de tout, va finalement être annexé par l'armée russe. Commence alors une étrange cohabitation entre les familles des soldats soviétiques et les habitants de l'île que tout oppose, mais l'espoir renaît à travers l'innocence de deux enfants, Tanya et Junpei...

Avis : 
L'Île de Giovanni est un film d'animation du studio Production I.G (Ghost in the shell, Lettre à Momo), qui nous emmène sur une petite île japonaise après la Seconde Guerre Mondiale. Alors que les habitants sont encore traumatisés par la défaite, ils voient débarquer l'armée soviétique qui vient annexer l'île. Un événement historique que nous suivrons à travers le regard du jeune japonais Junpei, de son petit frère Kanta et la jeune russe Tanya.


Si l'innocence des enfants de chaque pays va dans un premier temps permettre de relativiser la portée de l'invasion, ceux-ci n'hésitant pas longtemps avant de jouer ensemble et franchissant aisément la barrière des langues (voir la superbe scène des chansons japonaise et russe à l'école), ils vont à leur tour être rattrapés par l'horreur de la guerre, participant à des opérations qui les dépassent, assistant aux arrestations de leurs proches avant d'être finalement déportés en Russie.

A l'image du Tombeau des lucioles, le film va ainsi confronter ces gamins aux horreurs de la guerre, sans jamais choisir la facilité, en les confrontant à la mort, à la souffrance, au désespoir, jusque dans un final extrêmement poignant... Des situations qui tranchent radicalement avec un dessin plutôt naïf et quelques personnages secondaires apparemment plus légers, comme l'oncle des enfants.

L'Île de Giovanni est donc un excellent film d'animation, touchant et parfois très dur, évoquant un épisode peu connu de l'histoire du Japon et de la Russie (la situation de l'île de Chikotan est encore aujourd'hui une source de tensions entre les deux pays). Je ne reprocherai finalement au film qu'une animation et des dessins parfois peu inspirés, ce qui n'empêche pas le film d'être une vraie réussite !

Note : 8,5/10


jeudi 24 juillet 2014

Les Poings contre les murs


Titre : Les Poings contre les murs (Starred up)
Réalisateur : David Mackenzie
Acteurs : Jack O'Connell, Rupert Friend, Ben Mendelsohn
Date de sortie en France : 4 juin 2014
Genre : drame

Synopsis : 
Eric est un jeune délinquant violent prématurément jeté dans le monde sinistre d’une prison pour adultes. Alors qu’il lutte pour s’affirmer face aux surveillants et aux autres détenus, il doit également se mesurer à son propre père, Nev, un homme qui a passé la majeure partie de sa vie derrière les barreaux. Eric, avec d’autres prisonniers, apprend à vaincre sa rage et découvre de nouvelles règles de survie, mais certaines forces sont à l’œuvre et menacent de le détruire.

Avis : 
Réalisé par David Mackenzie (Perfect sense), Les Poings contre les murs nous entraîne dans une prison à la rencontre d'Eric, jeune prisonnier trop violent pour être enfermé dans une prison pour jeunes adultes. Ne connaissant que la loi du plus fort, il va rapidement se heurter aux autres prisonniers, au personnel de la prison, mais aussi à son père et à un thérapeute qui va tenter de lui apprendre à canaliser sa violence.


Le film tente ainsi d'aller plus loin que les autres films se déroulant en milieu carcéral (Un prophète, R) : en plus des situations habituelles du genre, avec les affrontements, les règlements de compte, les trafics au sein de la prison, il va en effet s'attacher à montrer l'évolution et les motivations du jeune homme, dans ses rapports conflictuels avec son père (sur lequel la présence d'Eric va également avoir un fort impact) et au sein du groupe de thérapie.

Ce développement va permettre de travailler la psychologie du personnage, mais va également nous faire perdre certains des points forts du genre : ainsi, on ne ressent jamais vraiment de menace pour le personnage principal, et on peine à véritablement s'attacher à lui ou à craindre pour sa vie, alors même qu'il est confronté à des rivaux plus forts, plus expérimentés ou plus organisés que lui. Le film manque par conséquent cruellement d'intensité, et ne prend pas aux tripes comme peuvent le faire d'autres films du genre.

Les Poings contre les murs ne convainc ainsi pas totalement, le choix de privilégier la psychologie et l'évolution de son personnage principal vers un contrôle de sa violence empiétant sur l'aspect carcéral et brutal attaché au genre. Dommage, car les acteurs sont très convaincants, mais le film supporte mal la comparaison avec des films coups de poings tels que R, à cause également d'un scénario sans grande surprise...

Note : 6,5/10


samedi 19 juillet 2014

Transcendance


Titre : Transcendance (Transcendence)
Réalisateur : Wally Pfister
Acteurs : Johnny Depp, Rebecca Hall, Paul Bettany
Date de sortie en France : 25 juin 2014
Genre : thriller, science-fiction

Synopsis : 
Dans un futur proche, un groupe de scientifiques tente de concevoir le premier ordinateur doté d’une conscience et capable de réfléchir de manière autonome. Ils doivent faire face aux attaques de terroristes anti-technologies qui voient dans ce projet une menace pour l’espèce humaine. Lorsque le scientifique à la tête du projet est assassiné, sa femme se sert de l’avancée de ses travaux pour « transcender » l’esprit de son mari dans le premier super ordinateur de l’histoire. Pouvant désormais contrôler tous les réseaux liés à internet, il devient ainsi quasi omnipotent. Mais comment l’arrêter s’il perdait ce qui lui reste d’humanité ?

Avis : 
Pour son premier film en tant que réalisateur, Wally Pfister, directeur de la photographie de Christopher Nolan, se penche sur un thème souvent évoqué au cinéma : celui de l'évolution des intelligences artificielles, du danger lié au pouvoir grandissant des super-ordinateurs. Un sujet évidemment alléchant, d'autant qu'il semble de plus en plus plausible, mais qui ne bénéficiera pas du traitement qu'il méritait.


Car Transcendance, s'il ne sera ni mauvais ni désagréable à suivre, restera désespérément quelconque, n'osant jamais développer des thèmes pourtant forts (notamment le froid pragmatisme de l'ordinateur), au profit d'un thriller convenu et sans réel climax. Les enjeux ne sont jamais très clairs, on peine à vraiment ressentir la menace planétaire que constitue l'esprit de Johnny Depp, et on a beaucoup de mal à accepter l'idée que le petit groupe de résistants puisse avoir une réelle influence...

Le film ne décolle donc jamais, peu aidé par un casting certes prestigieux (Depp, Freeman, Murphy...) mais se contentant du minimum, et des effets visuels réussis mais sans ampleur et trop classiques. On a en fait l'impression tenace que Pfister se contente de suivre sagement les recettes du maître Nolan, sans apporter ni intensité, ni profondeur à un film finalement bien trop lisse qui ne... transcendera jamais son sujet.

Dommage donc que Transcendance se contente de rester trop sage, car Wally Pfister tenait sans doute ici un sujet très fort, qui aurait pu donner un excellent film de science-fiction aussi noir qu'intelligent. Hélas, le directeur de la photographie des films de Christopher Nolan montre qu'il est encore bien loin de son modèle, et son film sera sans doute complètement oublié d'ici quelques semaines...

Note : 3,5/10





mercredi 16 juillet 2014

Super 8


Titre : Super 8
Réalisateur : J.J. Abrams
Acteurs : Kyle Chandler, Joel Courtney, Elle Fanning
Date de sortie en France : 3 août 2011
Genre : science-fiction, aventures

Synopsis : 
Été 1979, une petite ville de l’Ohio. Alors qu'ils tournent un film en super 8, un groupe d’adolescents est témoin d'une spectaculaire catastrophe ferroviaire. Ils ne tardent pas à comprendre qu'il ne s'agit pas d'un accident. Peu après, des disparitions étonnantes et des événements inexplicables se produisent en ville, et la police tente de découvrir la vérité… Une vérité qu’aucun d’entre eux n’aurait pu imaginer.

Avis : 
Avec Super 8, J.J. Abrams nous replonge dans les années 80, à l'époque des films d'aventures et de science-fiction destinés à toute la famille, mettant en scène un groupe d'enfants confrontés à des événements exceptionnels : ici, comme si Les Goonies rencontraient E.T. l'extraterrestre, le petit cercle d'amis est le témoin de la présence d'une créature extraterrestre qui va bouleverser la vie de leur petite ville.


Le film va ainsi suivre les recettes habituelles du genre, avec une présence fantastique qui ne sera révélée que progressivement, la volonté du gouvernement de garder les événements sous contrôle, le thème de la famille et donc ce groupe de gamins un peu marginaux, réunis autour de la réalisation d'un petit film de zombies en super 8, dans des séquences très réussies et d'une merveilleuse nostalgie. Cela permet au film de se forger une véritable identité tout en restant extrêmement classique dans son développement.

Super 8 va également bénéficier de jeunes acteurs très convaincants, parmi lesquels on découvre la jeune Elle Fanning (Somewhere, Maléfique), auxquels on va rapidement s'identifier, d'autant qu'ils seront placés dans une succession de passages tantôt amusants (les scènes de tournage) tantôt très spectaculaires (l'accident de train). On notera d'ailleurs la qualité des effets spéciaux et celle de la mise en scène, qui met en valeur les nombreux détails permettant au récit de progresser.

Si on pourra éventuellement regretter le côté très linéaire du scénario, Super 8 reste une véritable réussite, un hommage faisant revivre les films d'aventures des années 80 en le remettant au goût du jour. A l'image des Goonies, le film de J.J. Abrams (Star Trek into darkness) nous replonge donc avec bonheur en enfance avec une très belle histoire et un formidable groupe de gamins, tout en jouant sur la nostalgie liée à ces films amateurs, notamment dans son générique de fin.

Note : 9/10


lundi 14 juillet 2014

L'Armée des ombres


Titre : L'Armée des ombres
Réalisateur : Jean-Pierre Melville
Acteurs : Lino Ventura, Simone Signoret, Paul Meurisse
Date de sortie en France : 12 septembre 1969
Genre : drame, guerre

Synopsis : 
Les activités et la vie extrêmement difficiles d'un réseau de résistants sous l'occupation allemande.

Avis : 
Adapté du roman du même nom de Joseph Kessel, L'Armée des ombres évoque donc la Résistance Française pendant la Seconde Guerre Mondiale : suivant en fil rouge le parcours de Philippe Gerbier (Lino Ventura), Jean-Pierre Melville nous plonge donc dans un univers sombre et violent dont il n'idéalisera jamais les protagonistes, bien au contraire.


Car en plus des situations assez "classiques" nous montrant les Résistants échappant aux Nazis, organisant leurs réseaux et soumis à la torture, le film évoque des aspects moins reluisants, comme les échecs de certains plans ou le sort réservé aux traîtres. Dans cette lutte pour affaiblir l'ennemi, il n'y a finalement que peu de héros, et chacun peut craquer même en essayant de se persuader du contraire, en tentant par exemple de se convaincre que la mort ne fait pas peur ou qu'il résistera à la pression de l'ennemi.

Ces éléments traduisent ainsi parfaitement l'horreur de la guerre et le statut particulier des Résistants, parfaitement retranscrits par la crème des acteurs français de l'époque : en plus de Lino Ventura, on retrouve ainsi Simone Signoret, Jean-Pierre Cassel, Paul Meurisse ou encore Paul Crauchet . Melville choisit d'ailleurs de laisser reposer presque entièrement le film sur leurs épaules, avec une mise en scène très classique, souvent discrète, préférant ainsi mettre l'accent sur l'histoire et les événements dramatiques plutôt que sur une réalisation trop visible.

L'Armée des ombres est une des grandes oeuvres du cinéma français, par l'un de ses réalisateurs les plus talentueux. Exploitant à merveille un thème assez classique en choisissant d'en exploiter les côtés les plus sombres, il réussit à passionner pendant plus de deux heures malgré un rythme plutôt lent, nous offrant l'un des meilleurs films sur le sujet.

Note : 9,5/10


jeudi 10 juillet 2014

The Rover


Titre : The Rover
Réalisateur : David Michôd
Acteurs : Guy Pearce, Robert Pattinson, Scoot McNairy
Date de sortie en France : 4 juin 2014
Genre : drame, thriller

Synopsis : 
Dix ans après l’effondrement de l’économie occidentale, les mines australiennes sont encore en activité, et cette industrie attire les hommes les plus désespérés et les plus dangereux. Là-bas, dans une société moribonde où survivre est un combat de chaque jour, plus aucune loi n’existe. Eric a tout laissé derrière lui. Ce n’est plus qu’un vagabond, un homme froid rempli de colère. Lorsqu’il se fait voler la seule chose qu’il possédait encore, sa voiture, par un gang, il se lance à leur poursuite. Son unique chance de les retrouver est Rey, un des membres de la bande, abandonné par les siens après avoir été blessé. Contraints et forcés, les deux hommes vont faire équipe pour un périple dont ils n’imaginent pas l’issue…

Avis : 
The Rover peut être considéré comme un western australien futuriste : à l'ouest américain se substitue l'outback australien dystopique, avec son désert aride, sa chaleur sèche et étouffante, ses minuscules villages déserts et sa violence omniprésente. Dans ce cadre rappelant notamment Mad Max, Guy Pearce (Memento, Prometheus, Iron Man 3) est presque un homme sans nom, dont on ignorera longtemps l'histoire et qui ne semble motivé que par une chose : récupérer sa voiture volée.


Sur sa route, il rencontrera Robert Pattinson (Maps to the stars), bien loin de la saga Twilight, frère de l'un des voleurs et simple d'esprit, aussi naïf et crédule que craintif. Au programme du trajet, plusieurs rencontres avec les personnages singuliers de la région, et ce dénominateur commun : la violence, souvent aveugle et sans limite. Une absence de limite qui caractérise d'ailleurs le personnage principal, que rien ne semble pouvoir arrêter.

Malgré cette ambiance étouffante et souvent très noire, The Rover peine à passionner. En plus d'un rythme très lent, mais adapté à la situation, le jusqu'au-boutisme du film finit par lasser : les personnages progressent de façon très linéaire et Pearce et Pattison se contentent finalement d'une interprétation aussi classique qu'artificielle, n'apportant aucun souffle à des personnages pourtant intéressant.

On finit ainsi par s'ennuyer devant un film qui ne fait qu'enfiler les clichés, sans jamais être vraiment intense. Dommage, car ces paysages arides et cette histoire de vengeance semblaient prometteurs, mais seront noyés sous une lourdeur parfois indigeste, notamment quand Robert Michôd (Animal Kingdom) se la joue auteur...

Note : 4/10


Edge of tomorrow


Titre : Edge of tomorrow
Réalisateur : Doug Liman
Acteurs : Tom Cruise, Emily Blunt, Bill Paxton
Date de sortie en France : 4 juin 2014
Genre : science-fiction

Synopsis : 
Dans un futur proche, des hordes d'extraterrestres ont livré une bataille acharnée contre la Terre et semblent désormais invincibles : aucune armée au monde n'a réussi à les vaincre. Le commandant William Cage, qui n'a jamais combattu de sa vie, est envoyé, sans la moindre explication, dans ce qui ressemble à une mission-suicide. Il meurt en l'espace de quelques minutes et se retrouve projeté dans une boucle temporelle, condamné à revivre le même combat et à mourir de nouveau indéfiniment...

Avis : 
"Vivre. Mourir. Recommencer" : l'accroche présente sur l'affiche du nouveau film de Doug Liman (La Mémoire dans la peau, Mr. et Mrs. Smith) fait immédiatement penser certains jeux vidéo, dans lesquels la mort de notre avatar n'est jamais très grave et nous fait simplement recommencer au checkpoint croisé quelques minutes plus tôt, nous donnant l'occasion d'immédiatement retenter notre chance. Un principe au centre de Edge of tomorrow, film de science-fiction opérant un mélange improbable entre Un jour sans fin et Starship Troopers.


Inspiré du roman All you need is kill de Hiroshi Sakurazaka (également adapté en manga), Edge of tomorrow met en effet en scène un soldat qui, à chaque fois qu'il décédera, reviendra à son point de départ. Un soldat sans expérience, balancé au beau milieu de la mêlée sans avoir jamais combattu, sans même savoir comment utiliser son équipement, et qui devra apprendre sur le tas, progresser grâce à ses échecs et tirer les leçons de ses erreurs, pour parfois en commettre de nouvelles : le parallèle avec le jeu vidéo est évident, mais ne sera pas l'unique caractéristique du film.

Car cet éternel recommencement va surtout permettre de voir évoluer le personnage interprété par Tom Cruise. A peine sorti du décevant Oblivion, l'acteur se retrouve ici dans la peau d'un officier antipathique et arrogant, prêt à tout pour éviter de se retrouver au front. Un personnage que l'on prendra un véritable plaisir à voir se faire massacrer à de nombreuses reprises, dans des passages parfois très amusants. Mais un personnage dont on appréciera également l'évolution, quand celui-ci comprend les possibilités offertes par son "pouvoir" et les enjeux de ses actions.


Il sera pour cela épaulé par Emily Blunt (Looper, L'Agence), héroïne guerrière et figure de proue de la propagande militariste, pour un duo qui fonctionne étonnamment bien, en évitant notamment d'en faire l'éternel couple hollywoodien en devenir. Au contraire, le film insiste sur les différences de ressenti entre les deux personnages, Cruise s'attachant peu à peu à une partenaire qu'il voit mourir chaque jour et Blunt ne comprenant pas cet attachement, étant constamment confrontée à un inconnu.

Le duo ne se fera par ailleurs par prier pour dégommer de l'extraterrestre (les "mimics") à la pelle, évoluant au milieu d'un immense champ de bataille évoquant le débarquement de Normandie (l'action du film se déroule en France) dans leurs exosquelettes et avec des armes bien bourrines, de la mitrailleuse à la gigantesque épée, dans des passages évoquant aussi bien la trilogie Matrix que le récent Elysium. Et même lorsque le fait de pouvoir mourir sans aucune conséquence menace d'enlever tout enjeu au film, le scénario se renouvelle suffisamment pour donner un nouveau souffle au film.

Edge of tomorrow est donc un blockbuster que je n'attendais pas vraiment, dépassant le statut de "simple" film d'action / SF comme on en voit régulièrement pour offrir un divertissement très bien ficelé et très spectaculaire, porté par un couple Tom Cruise / Emily Blunt en excellente forme. On ne regrettera finalement qu'un final un peu trop convenu, pour l'un des films qui s'impose comme l'une des meilleures réussites du genre en 2014.

Note : 8,5/10

dimanche 6 juillet 2014

Les Goonies


Titre : Les Goonies (The Goonies)
Réalisateur : Richard Donner
Acteurs : Sean Astin, Josh Brolin, Corey Feldman
Date de sortie en France : 4 décembre 1985
Genre : aventures, comédie

Synopsis : 
Mikey et Brand Walsh appartiennent au club des Goonies et leur bande est en plein effervescence : la découverte providentielle d'une carte au trésor va leur permettre d'éviter que des promoteurs immobiliers ne rachètent la maison des parents Walsh. Mais les embûches sont nombreuses et redoutables jusqu'au fameux trésor et les valeureux Goonies vont s'en apercevoir à leurs dépends...

Avis : 
Film culte des années 80, Les Goonies fait partie de ces oeuvres qui ont bercé ma jeunesse et que je peux revoir tous les ans avec le même plaisir, étant même finalement incapable de zapper lorsque je tombe par hasard dessus à la télévision. Réalisé par Richard Donner (Superman, L'Arme fatale), sur un scénario de Chris Columbus (Harry Potter à l'école des sorciers), d'après une histoire de Steven Spielberg, Les Goonies est l'archétype du divertissement familial de cette époque.


Mélange d'aventures, d'action, de comédie, avec des éléments rappelant les saga James Bond ou Indiana Jones, ainsi que les films de pirates, le film parle à tous les publics, et son groupe de jeunes héros, qui évoque le Club des Ratés du Ça de Stephen King, permet une identification et un attachement aisés. C'est avec en plus une énergie communicative que le film progresse, enchaînant les passages forts et reprenant les moments classiques des genres qu'il revisite.

Sans aucun temps mort, Les Goonies réserve ainsi son lot de passages et de répliques cultes (la confession de Choco / Chunk), permettant d'excuser quelques éléments moins réussis (j'avoue trouver le Cinoque particulièrement agaçant depuis que je suis gamin...). La musique de Dave Grusin, ainsi que les interprétations de l'ensemble du casting, enfants et adultes, parmi lesquels on retrouve les jeunes Josh Brolin et Sean Astin, contribuent également à la qualité d'une oeuvre qui n'a toujours pas pris une ride et pourra toujours plaire au jeune public contemporain.

Les Goonies est donc le sommet du divertissement familial spielbergien des années 80. Un vrai bonheur pendant presque 2 heures, qui donne envie de redevenir enfant et d'accompagner cette bande dans leurs folles aventures, d'éviter les pièges et de trouver le trésor des pirates !

Note : 9/10






samedi 5 juillet 2014

Goal of the dead


Titre : Goal of the dead
Réalisateur : Benjamin Rocher (première mi-temps), Thierry Poiraud (seconde mi-temps)
Acteurs : Alban Lenoir, Charlie Bruneau, Ahmed Sylla
Date de sortie en France : 27 février 2014
Genre : comédie horrifique

Synopsis : 
Pour l’Olympique de Paris, aller disputer ce match amical à Capelongue aurait dû être une simple corvée de fin de saison. Personne n’aurait pu anticiper qu’une infection très semblable à la rage allait se propager, et transformer les habitants du petit village en créatures ultra-violentes et hautement contagieuses. Pour Samuel l’ancienne gloire près de la retraite, Idriss le prodige arrogant, Coubert l’entraîneur dépressif, ou Solène la journaliste ambitieuse, c’est l’heure de l’affrontement le plus important de leur vie.

Avis : 
Cela fait bien des années que le cinéma horrifique français semble en roue libre. Si certains films se démarquent du lot, comme Haute tension ou Martyrs, le film d'horreur hexagonal est trop souvent parasité par le poids de ses modèles, par une stupidité d'ensemble ou par une décontraction trop souvent réduite à des private jokes ou des gags sous la ceinture. Avec Goal of the dead, Benjamin Rocher et Thierry Poiraud vont réussir à réunir tous ces défauts en un seul film.


Composé de deux parties, la première réalisée par Rocher (co-réalisateur du déjà très moyen La Horde) et la seconde par Poiraud (Atomik Circus), Goal of the dead profite donc de cette année de Coupe du Monde de Football pour mêler zombies et football (quelle formidable idée...) dans un projet rappelant vaguement, toutes proportions gardées, le dyptique Grindhouse de Tarantino et Rodriguez. Deux parties d'environ une heure donc, pour un résultat total à la durée difficilement justifiable.

Autant le dire tout de suite : difficile d'apprécier une comédie horrible quand ni l'aspect comique, ni l'aspect horrifique ne sont réussis : les gags et répliques tombent systématiquement à plat, provoquant plus de consternation que de sourires, et cette histoire de zombies est d'une idiotie assez remarquable. Ajoutez-y des effets pas toujours réussis et quelques effets de style sans intérêt (ah, ces ralentis...), et on reste dans la masse des séries B horrifiques sans relief ni intérêt.

Bref, ce diptyque bien trop long ne débouche donc que sur un match nul, ajoutant à ses ratés un sous-texte bien démagogique sur le foot business ou la beaufitude entourant les matchs. Dommage, car les acteurs sont plutôt bons et bien dirigés, notamment dans une seconde mi-temps bien plus réussie que l'indigeste première partie...

Note : 2/10


vendredi 4 juillet 2014

Nebraska


Titre : Nebraska
Réalisateur : Alexander Payne
Acteurs : Bruce Dern, Will Forte, June Squibb
Date de sortie en France : 2 avril 2014
Genre : drame, comédie

Synopsis : 
Un vieil homme, persuadé qu’il a gagné le gros lot à un improbable tirage au sort par correspondance, cherche à rejoindre le Nebraska pour y recevoir son gain, à pied puisqu'il ne peut plus conduire. Un de ses deux fils se décide finalement à emmener son père en voiture chercher ce chèque auquel personne ne croit. Pendant le voyage, le vieillard se blesse et l’équipée fait une étape forcée dans une petite ville perdue du Nebraska qui s'avère être le lieu où le père a grandi.

Avis : 
10 ans après Sideways, Alexander Payne revient au road-movie avec Nebraska, histoire d'un vieil homme obsédé par l'idée d'aller jusqu'à Lincoln récupérer un gain imaginaire. Ne pouvant conduire et se heurtant à l'incompréhension de sa famille, il est même prêt à parcourir les 1500 kilomètres à pied afin de parvenir à son but, jusqu'à ce que son fils se décide à le conduire, pour un trajet qui mènera les deux hommes sur la route du souvenir.


Car cette virée dans l'Ouest américain va permettre au duo de retourner dans la ville où le père a grandi et où le reste de la famille habite encore. Des reliques du passé, une génération présente marquée par la crise : tous ces anciens proches que retrouve Woody Grant semblent presque étrangers, uniquement destinés à échanger des silences gênés ou à tenter de profiter de liens depuis longtemps rompus. On aurait pu craindre que ce voyage à travers la mémoire du vieil homme ne se teinte d'un pathos un peu trop présent : il n'en sera rien.

Payne choisit en effet de traiter son sujet avec beaucoup de tendresse et une pointe d'humour, sans jamais forcer la caricature (les cousins bêtes et méchants, l'ancien collègue avide). A l'image d'Une histoire vraie de David Lynch, il choisit une pertinente simplicité pour raconter le périple, pour évoquer le temps qui a échappé à l'aîné et tout ce que le fils ignore de son père, les amours et les drames de sa jeunesse.

Nebraska est ainsi un très beau film, d'une infinie tendresse, porté par un Bruce Dern formidable et des personnages secondaires (Will Forte, June Squibb, Stacy Keach) qui ne sont pas en reste; Une oeuvre dont la réalisation d'Alexander Payne, d'une élégance rare, souligne subtilement la beauté des paysages et les ravages causés par la crise et le temps.

Note : 9/10