mercredi 30 octobre 2013

Rush


Titre : Rush
Réalisateur : Ron Howard
Acteurs : Chris Hemsworth, Daniel Brühl, Olivia Wilde
Date de sortie en France : 25 septembre 2013
Genre : sportif, drame

Synopsis : 
 Situé durant l'âge d'or de la Formule 1, retrace le passionnant et haletant combat entre deux des plus grands rivaux que l'histoire du sport ait jamais connus, celui de James Hunt et Niki Lauda concourant pour les illustres écuries McLaren et Ferrari.

Avis : 
 Réalisé par Ron Howard (Un homme d'exception, Apollo 13), Rush raconte donc la rivalité entre deux pilotes de Formule 1 pendant les années 70 : l'Autrichien Niki Lauda et le Britannique James Hunt . Deux sportifs que tout oppose : le beau James Hunt est un trompe-la-mort aux allures de surfeur, multiplie les conquêtes féminines, adore les projecteurs, aime faire la fête ; Niki Lauda a un physique plus ingrat (il sera d'ailleurs surnommé "le rat" par son rival), et est beaucoup plus sérieux, professionnel, froid et calculateur, jusqu'à être appelé "l'ordinateur" par les médias.


Rush va d'ailleurs surtout se concentrer sur les coulisses des courses, sur les relations entre les deux pilotes, entre dédain et respect, mais aussi sur les relations entre Hunt et Lauda et leurs entourages respectifs. L'occasion de montrer, grâce notamment à deux interprètes se glissant parfaitement dans la peau des deux hommes (Chris Thor Hemsworth et surtout Daniel Inglourious Basterds Brühl, impressionnant en Niki Lauda), les parts d'ombres et de lumières des pilotes, leurs doutes et leurs forces, empêchant de véritablement prendre parti pour l'un ou l'autre.

Bien sûr, l'aspect sportif n'est pas totalement occulté : les courtes scènes de course mettent l'accent sur les tournants importants de la saison 1976 de F1, et notamment le terrible accident de Niki Lauda au Nürburgrin dont il sortira grièvement brûlé. Des passages très intenses, reconstituant parfaitement le bruit assourdissant et le danger des courses, et nous mettant dans la peau des pilotes, notamment lorsqu'ils évoluent sous la pluie ou frôlent les autres concurrents.

Rush est donc un excellent drame sportif nous replongeant dans une des plus grandes rivalités de la course automobile. Aussi spectaculaire que touchant, le film de Ron Howard, bénéficiant des conseils de Niki Lauda, consultant pour le film, est une vraie réussite, portée par deux acteurs en grande forme.

Note : 8/10



lundi 28 octobre 2013

R.I.P.D. Brigade Fantôme


Titre : R.I.P.D. Brigade fantôme (R.I.P.D.)
Réalisateur : Robert Schwentke
Acteurs : Jeff Bridges, Ryan Reynolds, Kevin Bacon
Date de sortie en France : 31 juillet 2013
Genre : comédie, fantastique

Synopsis : 
Le shérif Roy Pulsifer est un vétéran de cette brigade dédiée à la traque d’âmes belliqueuses se faisant passer pour des citoyens ordinaires. Sa mission : appréhender les criminels qui tentent d’échapper au Jugement Dernier en se dissimulant parmi les vivants.
L’irascible et indiscipliné Roy se voit assigner comme nouveau coéquipier feu Nick Walker, un jeune policier de Boston récemment défunt. Les deux «hommes» vont devoir ravaler leur antipathie respective pour mener à bien leur mission. Quand ils découvrent un complot susceptible de mettre fin à la vie telle que nous l’avons toujours connue, les deux cracks du R.I.P.D. n’ont qu’une option : rétablir l’équilibre cosmique pour que le tunnel qui mène vers l’au-delà ne remplisse pas soudain la fonction inverse et ne précipite pas l’avènement des morts.


Avis : 
Adapté du comics Rest in Peace Department de Peter M. Lenkov, R.I.P.D. Brigade fantôme met en scène l'éternel duo du vieux flic bougon et de la jeune recrue tête brûlée face à des créatures démoniaques. Une idée de départ qui rappelle évidemment S.O.S. Fantômes et Men in black, avec Jeff Bridges (The Big Lebowski, True Grit) dans le rôle de l'aîné et Ryan Reynolds (Green Lantern, Buried) dans celui de l'élève. Le film de Robert Schwentke (Red) va hélas se montrer bien moins réussi que ses modèles.


En effet, la quasi-totalité des gags vont tomber à l'eau, se limitant à un humour assez crétin, et les scènes d'action sont complètement bâclées. En fait, on a l'impression que le film n'est qu'une immense introduction à un univers, et ne fait donc que nous expliquer la nature des ennemis, l'histoire passée des personnages, le fonctionnement du R.I.P.D...L'intérêt décroît ainsi très rapidement, d'autant que les acteurs ont l'air de royalement se foutre du film.

Si ce n'est qu'une demi-surprise pour Ryan Reynolds, on regrettera ainsi de voir Jeff Bridges et Kevin Bacon cachetonner (d'autant qu'avec un budget de 130 millions qui n'est sans doute pas arrivé jusqu'aux scénaristes ou aux effets spéciaux, ils ont certainement reçu un gros chèque). Mary Louise Parker est finalement la seule à s'en sortir correctement et à nous arracher quelques sourires.

R.I.P.D. est donc un blockbuster bien fade, banal et inefficace, tentant vainement de s'inscrire dans la lignée des Men in black et autres comédies fantastiques basées sur des duos que tout oppose. Un raté total, pour lequel on se demande ce qui a bien pu motiver des producteurs et des scénaristes...

Note : 1,5/10


Insidious : chapitre 2


Titre : Insidious : chapitre 2 (Insidious chapter 2)
Réalisateur : James Wan
Acteurs : Patrick Wilson, Rose Byrne, Barbara Hershey
Date de sortie en France : 2 octobre 2013
Genre : horreur, épouvante

Synopsis : 
Après tout ce qu’elle a affronté, la famille Lambert s’efforce de reprendre une vie normale, mais le monde des esprits semble en avoir décidé autrement. Josh et Renai vont tenter de découvrir le secret qui les relie au terrifiant monde des esprits.

Avis : 
 En réalisant trois films semblables à la suite, dont les deux derniers (Conjuring et Insidious 2) à quelques semaines d'intervalle, James Wan nous permet de noter un point important : il semble que le réalisateur de Death sentence devient de plus en plus fainéant. On l'avait ainsi remarqué un peu avec le néanmoins sympathique Insidious, et beaucoup avec le très moyen Conjuring, et Insidious : chapitre 2 le confirme définitivement : alors que le réalisateur est clairement capable de créer une ambiance horrifique, il cède maintenant systématiquement à la facilité du jump-scare.


Un défaut d'autant plus rédhibitoire que les histoires de ses films deviennent de moins en moins intéressantes. Après une dernière partie complètement bâclée pour Conjuring, il ne tente cette fois même plus de construire son récit : il se contente de reprendre quelques éléments du volet précédent pour les développer, un peu à la manière d'une saga Saw qu'il a lui-même initiée. En donnant une explication ad hoc à des éléments mystérieux du premier opus, Wan risque surtout d'en enlever la saveur, réussissant l'exploit de plomber deux films en une fois.

Cet ensemble de stéréotypes que l'on retrouve dans Insidious 2, qui mange à tous les râteliers, du cinéma d'épouvante nippon et espagnol à Shining en passant par... Paranormal activity, finit même par provoquer l'hilarité quand les personnages s'envoient des ustensiles de cuisine à la tronche, et de vrais moment de gêne quand l'humour du film tombe à plat.

Si Insidious et Conjuring faisaient office de trains fantômes, avec leurs effets éculés et prévisibles, ils avaient  au moins le mérite de développer un univers assez intéressant pour que l'on s'intéresse un minimum aux protagonistes. Ca n'a pas grand intérêt, mais avec Insidious 2, c'est comme si ledit train fantôme était en panne et que tous les éléments du décor restaient figés. Et cette fois, l'intérêt devient même nul.

Note : 2/10


samedi 26 octobre 2013

La Vie d'Adèle : chapitres 1 & 2


Titre : La Vie d'Adèle : chapitres 1 & 2
Réalisateur : Abdellatif Kechiche
Acteurs : Léa Seydoux, Adèle Exarchopoulos, Salim Kechiouche
Date de sortie en France : 9 octobre 2013
Genre : drame, romance

Synopsis : 
À 15 ans, Adèle ne se pose pas de question : une fille, ça sort avec des garçons. Sa vie bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune femme aux cheveux bleus, qui lui fait découvrir le désir et lui permettra de s’affirmer en tant que femme et adulte. Face au regard des autres Adèle grandit, se cherche, se perd, se trouve...


Avis : 
Palme d'Or au Festival de Cannes 2013, La Vie d'Adèle est tiré du roman graphique Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh. Il raconte quelques années de la vie d'Adèle, de son adolescence à l'âge adulte, marquées par son histoire d'amour avec Emma. Un film autant marqué par l'accueil unanime de la presse que par les déclarations de Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos sur les conditions de tournage, et la colère d'Abdellatif Kechiche en réaction à ces critiques.


Des critiques, on aurait d'ailleurs pu (dû ?) en voir bien plus à l'égard de ce film d'une durée exagérée (3h de film, dont une qui n'a plus rien à raconter, ça fait beaucoup) et qui ne traite finalement son sujet qu'en surface, comme s'il ne souhaitait montrer que le côté divertissant de l'homosexualité (en gros, le sexe) et oublier le reste, faisant même purement et simplement disparaître certains personnages pour ne pas parasiter le film avec un peu de réflexion. Globalement, c'est avec tout un système de ficelles et de facilités que le film progresse, se contentant bien souvent d'aligner les clichés (l'opposition entre la famille aisée, buvant du grand vin, se régalant de fruits de mer, amateurs d'art et ouverts d'esprit, et la famille de prolétaires dévorant ses spaghettis-bolo tout en étalant sa beaufitude l'illustre parfaitement).

Et comme conscient des limites de sa narration et de son univers, Kechiche va multiplier les (longues) scènes de sexe, comme autant d'étreintes bestiales dont on extirpera difficilement de l'amour. Et si le début du film, quand Adèle est encore lycéenne, reste assez frais et sympathique, La Vie d'Adèle devient peu à peu une coquille vide, d'une remarquable banalité, se perdant totalement dans une dernière partie loupée, peu aidée par une Adèle Exarchopoulos manquant totalement de crédibilité en adulte, ressemblant surtout à une gamine coincée dans les vêtements de sa mère.

Il est assez étonnant de ne lire quasiment que du bien d'un film aussi moyen que La Vie d'Adèle. S'il n'est pas foncièrement désagréable, au moins pendant 2heures, il est d'une banalité et d'une platitude lassante qui en font une oeuvre finalement assez puérile. Et ce n'est certainement pas les scènes de sexe, très crues, qui viendront donner du crédit au film, malgré la qualité de l'interprétation des deux actrices.

Note : 3/10




jeudi 24 octobre 2013

Gravity


Titre : Gravity
Réalisateur : Alfonso Cuarón
Acteurs : Sandra Bullock, George Clooney
Date de sortie en France : 23 octobre 2013
Genre : catastrophe

Synopsis : 
Pour sa première expédition à bord d'une navette spatiale, le docteur Ryan Stone, brillante experte en ingénierie médicale, accompagne l'astronaute chevronné Matt Kowalsky. Mais alors qu'il s'agit apparemment d'une banale sortie dans l'espace, une catastrophe se produit. Lorsque la navette est pulvérisée, Stone et Kowalsky se retrouvent totalement seuls, livrés à eux-mêmes dans l'univers. Le silence assourdissant autour d'eux leur indique qu'ils ont perdu tout contact avec la Terre - et la moindre chance d'être sauvés. Peu à peu, ils cèdent à la panique, d'autant plus qu'à chaque respiration, ils consomment un peu plus les quelques réserves d'oxygène qu'il leur reste.

Avis : 
 On n'entend parler que de lui depuis plusieurs semaines : Gravity a donc débarqué sur nos écrans de cinéma, précédé d'une réputation formidable en faisant l'un des meilleurs films de l'année, voire même la meilleure oeuvre de science-fiction depuis des années. Mieux encore, c'est aux références ultimes que certains articles nous renvoient, allant jusqu'à citer 2001, l'odyssée de l'espace ou le Solaris de Tarkovsky ! Evidemment, face à des qualificatifs aussi dithyrambiques, le risque d'ête déçu est démultiplié. Alors, Gravity est-il la bombe annoncée ? Ou un énième pétard mouillé ?


De mon point de vue, la réponse est claire : Gravity est une extraordinaire réussite, le genre de film qu'on ne voit que trop rarement sur un écran de cinéma, une explosion visuelle et sonore, nous plongeant totalement dans ce lieu inhospitalier pour l'homme qu'est l'espace. Une immensité déserte, sans oxygène, sans pesanteur, où le son ne se propage pas, et où travaillent donc les personnages interprétés par George Clooney et Sandra Bullock. Le temps d'une introduction prenant la forme d'un ébouriffant plan-séquence, Alfonso Cuarón (qui nous avait déjà livré d'exceptionnels passages utilisant cette technique dans Les Fils de l'homme) nous présente ses deux héros, mais aussi son décor si particulier, aussi beau que dangereux, jusqu'à l'accident qui fera basculer Gravity dans le film catastrophe.

On se retrouve dès lors dans un véritable grand huit, multipliant les menaces et les comptes à rebours (le manque de pression, le manque d'oxygène) entre deux séquences de destruction à couper le souffle. Très spectaculaire, Gravity nous en met plein les yeux, réussissant l'improbable pari de mêler le grand spectacle à une volonté de réalisme constant : les déplacements dans le vide, l'absence de pesanteur, et même ce silence parfois assourdissant, tant d'éléments parfaitement retranscrits si l'on en croit les déclarations de spécialistes de l'espace. Et pour ne rien gâcher, le réalisateur de Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban parvient à développer assez ses personnages pour que l'on s'y attache.



On se sent ainsi vraiment concernés par le destin des deux personnages, notamment quand ils semblent perdus, livrés à eux-mêmes, seuls dans l'immensité vide de l'espace. Une impression renforcée par la réalisation d'Alfonso Cuarón, qui multiplie les points de vue, utilisant par exemple le point de vue subjectif pour nous mettre dans la peau d'un astronaute propulsé en vrille par un choc, filmant en gros plan les visages de ses acteurs, amplifiant les bruits de respiration et les battements de coeur, ou insistant sur la difficulté à distinguer certains éléments dans l'ombre de la Terre. Tous ces éléments renforcent la sensation d'immersion, également favorisée par une utilisation pertinente de la 3D, sans doute la meilleure avec Avatar et L'Odyssée de Pi.

 Gravity remplit donc toutes ses promesses et s'impose donc comme une des oeuvres majeures de 2013. Entre film catastrophe et science-fiction, le film nous entraîne dans l'espace comme jamais on ne l'avait été au cinéma : spectaculaire tout en restant intelligent, réaliste et même par moments poétiques, le nouveau film d'Alfonso Cuarón est tout simplement un grand film, dont on ressort bouche bée.

Note : 9/10



Scream 4


Titre : Scream 4 (Scre4m)
Réalisateur : Wes Craven
Acteurs : Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette
Date de sortie en France : 13 avril 2011
Genre : épouvante, horreur

Synopsis : 
10 ans se sont écoulés depuis les terribles meurtres commis par Ghostface. Sidney Prescott est parvenue à tourner la page mais c’est tout de même avec appréhension qu’elle retourne à Woodsboro pour le lancement de son premier roman.
Ses retrouvailles avec sa cousine Jill ainsi qu’avec le duo de choc Dewey et Gale seront de courtes durées : Ghostface est de retour mais cette fois-ci les règles vont changer...

Avis : 
 Après avoir renouvelé le genre du slasher en s'amusant avec ses codes, puis tourné en dérision les systèmes de suite puis de trilogie (tout en faisant...une suite puis une trilogie...), Wes Craven signe un nouvel épisode de la saga Scream, en promettant une nouvelle fois que les règles vont changer, et se moquant des sagas à rallonge et de la mode des remakes. Dès l'introduction, singeant notamment les Saw, le réalisateur des Griffes de la nuit donne le ton, expliquant en quelques minutes ce que va être Scream 4 : une parodie un poil répétitive qui va rapidement se montrer assez lourde.


Car, tout content de se moquer des remakes, Craven va surtout s'atteler à cuisiner les éléments de la trilogie Scream, et surtout du premier volet, puis en offrir une nouvelle version, de façon encore plus insistante que dans Scream 2 et 3. Une impression de déjà-vu à laquelle s'ajoute une tendance complaisante à l'explication systématique : si Craven n'a jamais été un monstre de finesse, il nous rappelle régulièrement le concept de son film, au point d'en devenir franchement insultant. C'est d'autant plus gênant que ce gout pour la mise en abîme se retrouve déjà souvent dans la filmographie du réalisateur (Freddy sort de la nuit, Shocker, les Scream donc) et ne nécessite vraiment plus d'être aussi longuement expliquée.

C'est dommage, car sur la forme, ce Scream 4 est plutôt réussi : les meurtres sont parfois très violents, Craven multiplie les fausses pistes concernant l'identité du tueur, et il y a par moments un véritable suspense, grâce notamment à une utilisation plutôt pertinente des nouvelles technologies. On regrettera simplement un certain manque de courage quand il s'agit de s'en prendre aux survivants des premiers épisodes, ou une tendance assez puérile à la "réplique qui tue" au moment des meurtres.

Scream 4, c'est ainsi l'impression étrange, et bizarrement pas si désagréable, de voir un Wes Craven gamin attardé et sans couille s'autopomper si fort qu'il réussit à procréer son propre clone tout en reniant le concept même du clonage...Efficace mais puéril, espérons que, cette fois, ce soit enfin le dernier volet de la saga...

Note : 4/10


mercredi 23 octobre 2013

Berberian sound studio


Titre : Berberian sound studio
Réalisateur : Peter Strickland
Acteurs : Toby Jones, Tonia Sotiropoulou, Cosimo Fusco
Date de sortie en France : 3 avril 2013
Genre : thriller

Synopsis : 
 1976 : Berberian Sound Studio est l'un des studios de postproduction les moins chers et les plus miteux d'Italie. Seuls les films d'horreur les plus sordides y font appel pour le montage et le mixage de leur bande sonore. Gilderoy, un ingénieur du son naïf et introverti tout droit débarqué d'Angleterre, est chargé d'orchestrer le mixage du dernier film de Santini, le maestro de l'horreur.

Avis : 
Berberian sound studio est un thriller britannique réalisé par Peter Strickland. Avec ce film, le réalisateur a voulu rendre hommage au giallo, plaçant ainsi son action dans l'Italie des années 70, en plein âge d'or du genre. Un genre pour lequel l'aspect sonore était déterminant, entre des musiques souvent particulières et une ambiance feutrée et pesante : le film nous plonge ainsi au sein d'un studio de postproduction aux côté de Gilderoy, ingénieur du son.


Strickland prend le parti de ne jamais rien nous montrer : il va en effet se contenter du son, dans toute sa puissance évocatrice, à l'image du Blow out de De Palma : les techniciens poignardent des fruits, les doubleuses hurlent devant le micro, la musique se fait plus puissante...C'est simple, on a l'impression d'être devant un giallo ou un film d'horreur de Dario Argento, de Mario Bava, de Sergio Martino ou même de Lucio Fulci. Une impression renforcée par le personnage de Gilderoy, qui n'aurait pas dépareillé dans des productions de l'époque, entre son physique particulier et le mélange entre solitude et timidité qui émane de lui.

Tout ceci est malheureusement au service d'une histoire peu intéressante et qui tourne rapidement en rond. L'influence de son travail sur Gilderoy ne débouche finalement sur rien, et le film est finalement assez répétitif. On se retrouve ainsi devant un simple exercice de style, certes réussi et souvent envoutant, mais assez creux, dont il ne ressort finalement que l'aspect nostalgique et la puissance d'un hommage très réussi. On préfèrera ainsi, dans une optique assez similaire, le Amer de Hélène Cattet et Bruno Forzani.

Note : 6,5/10


mardi 22 octobre 2013

Pieta


Titre : Pieta
Réalisateur : Kim Ki-duk
Acteurs : Lee Jung-jin, Min-soo Jo, Ki-hong Woo
Date de sortie en France : 10 avril 2013
Genre : thriller, drame

Synopsis : 
Abandonné à sa naissance, Kang-do est un homme seul qui n’a ni famille, ni ami. Recouvreur de dettes sans pitié et sans compassion, il menace ou mutile les personnes endettées dans un quartier destiné à être rasé. Un jour, Kang-do reçoit la visite d’une femme qu’il ne connaît pas et qui lui dit être sa mère. Pour la première fois de sa vie, le doute s’installe en lui… 

Avis :
 La Pietà, aussi appelée vierge de pitié, est une représentation artistique de la Vierge Marie tenant la dépouille de Jésus-Christ sur ses genoux une fois descendu de la croix, évoquant ainsi les thèmes de l'amour d'une mère pour son fils, du sacrifice, de la rédemption et de la mort. Des thèmes fortement présents dans ce nouveau film de Kim Ki-duk, l'enfant terrible du cinéma coréen.


On se retrouve donc dans un bidonville très glauque,destiné à être rasé, où Kang-do, recouvreur de dettes, évolue de taudis en taudis pour retrouver ses "clients", coincés dans des espaces très restreints comme des animaux dans une cage trop étroite. Un décor particulièrement glauque, véritable personnage central de la première moitié du film, et théâtre des tortures et mutilations que Kang-do fait subir à ses victimes, afin d'obtenir l'argent des assurances en remboursement des sommes qu'ils doivent.

Etouffante, cette première partie très réussie se terminera avec l'apparition d'une femme mystérieuse, qui prétendra être la mère de Kang-do. Dès lors, le film change brusquement de ton, et se concentre davantage sur les relations entre le jeune homme et la femme. Plus aucune finesse, plus aucune surprise, cette seconde partie est bien moins réussie, la faute à un acteur principal tellement inexpressif qu'il ne dégage plus rien dès que le film devient plus intimiste.

Malgré une première partie très réussie, Pieta est finalement assez décevant, la faute à un changement de ton trop brusque amenant le film dans un terrain bien plus convenu, à base de vengeance, de liaison malsaine entre ennemis, de rédemption un peu grotesque, le tout plombé par l'interprétation d'un Lee Jung-jin atteint de paralysie faciale et une réalisation stéréotypée d'un Kim Ki-duk décidément pas très inspiré sur ce coup là...

Note : 4/10


lundi 21 octobre 2013

Kick-Ass 2


Titre : Kick-Ass 2
Réalisateur : Jeff Wadlow
Acteurs : Aaron Taylor-Johnson, Christopher Mintz-Plasse, Chloe Grace Moretz
Date de sortie en France : 21 août 2013
Genre : action, super héros

Synopsis : 
L’audace insensée de Kick-Ass a inspiré une pléthore de vengeurs masqués autodidactes, le Colonel Stars & Stripes en tête, auxquels notre héros va s’allier pour patrouiller les rues de la ville et assurer la sécurité générale. Mais quand Red Mist, réincarné en MotherFucker, décide de s’attaquer à ces super-héros amateurs, seuls les sabres acérés de Hit Girl sauront les sauver de la destruction.

Avis: 
En 2010, Kick-Ass avait créé la surprise avec son pastiche de films de super-héros mêlant sérieux et réalisme à une bonne dose d'irrévérence et de délire jubilatoire. 3 ans plus tard, les héros imaginés par Mark Millar reviennent pour une suite aussi attendue que redoutée, ne pouvant plus jouer sur l'effet de surprise. Matthew Vaughn parti travailler sur le futur X-Men : days of future past, c'est à Jeff Wadlow que revient cette lourde tache. Sa solution : aller encore plus loin dans le délire et le potache.


Car ce second volet débute très calmement, imaginant Dave Lizewski revenir à une vie normale alors que de nombreuses personnes ont désormais suivi son exemple. Mindy / Hit Girl tente quant à elle de devenir une jeune fille respectable, sans grand succès. Ils devront bientôt remettre leurs costumes quand Red Mist, devenu le MotherFucker, menace directement la ville, bien décidé à venger la mort de son père. Ainsi, tout comme le premier film, KA2 va mélanger sérieux et délire potache, leurs deux vies se rejoignant peu à peu, réunies par la violence d'un ennemi sans pitié, et voyant peu à peu s'opposer une ligue de justice à une association de super-vilains.

Cela donne des images irréelles, où les personnages, joyeux stéréotypes (la russe implacable Mother Russia, le born again christian Colonel Star & Stripes, le noir Black death), s'affrontent dans des tenues improbables, se massacrant les uns les autres. Les références sont ainsi toujours nombreuses, citant par exemple clairement Spiderman ou Batman, et s'amusant des apparences et noms de ses protagonistes. Pourtant, si cet humour, parfois très potache, fait mouche, c'est dans les scènes d'action que ce Kick-Ass 2 va se montrer décevant : elles ne sont pas aussi jouissives que dans le premier volet, où elles constituaient des moments particulièrement réussies.

Kick-Ass 2 est donc un cran en-dessous de son modèle, dont il reprend les mêmes ingrédients tout en tentant de les amplifier. Cela ne fonctionne pas toujours, mais on s'amusera beaucoup avec les nombreux héros et vilains, parmi lesquels Jim Carrey, génial en Captain Stars & Stripes, et une Mother Russia qui parvient presque à éclipser le personnage de Hit-Girl. Ne bénéficiant plus de l'effet de surprise du film de Matthew Vaughn, le film se révèle donc moins jouissif que son modèle, mais aussi plus amusant et plus sombre, restant ainsi un excellent divertissement.

Note : 8/10


dimanche 20 octobre 2013

Le Majordome


Titre : Le Majordome (Lee Daniels' The Butler)
Réalisateur : Lee Daniels
Acteurs : Forest Whitaker, Oprah Winfrey, David Oyewolo
Date de sortie en France : 11 septembre 2013
Genre : biopic

Synopsis : 
Le jeune Cecil Gaines, en quête d'un avenir meilleur, fuit, en 1926, le Sud des États-Unis, en proie à la tyrannie ségrégationniste. Tout en devenant un homme, il acquiert les compétences inestimables qui lui permettent d’atteindre une fonction très convoitée : majordome de la Maison-Blanche. C'est là que Cecil devient, durant sept présidences, un témoin privilégié de son temps et des tractations qui ont lieu au sein du Bureau Ovale.

Avis : 
 Inspiré de la vie de Eugene Allen, majordome à la Maison Blanche pendant 34 ans, Le Majordome nous détaille la vie d'un Noir et de sa famille tout au long du vingtième siècle, d'une plantation de coton en Géorgie dans les années 20, où il assistera au viol de sa mère et au meurtre de son père, jusqu'à l'élection de Barack Obama en 2008. Un parcours qui lui permettra de rencontrer plusieurs Présidents, tout en étant un témoin privilégié de l'évolution des droits des Noirs aux Etats-Unis.


Croisant ainsi Dwight David Eisenhower (Robin Williams), John Fitzgerald Kennedy (James Marsden), Lyndon B. Johnson (Liev Schreiber), Richard Nixon (John Cusack) ou encore Ronald Reagan (Alan Rickman), il va ainsi assister de près à certaines décisions, évoquant parfois directement la situation raciale du pays avec eux. Il verra ainsi l'envers d'un décor auquel participeront ses fils : si le plus jeune décidera d'aller combattre au Vietnam, l'aîné sera un fervent militant de la cause Noire, étant régulièrement emprisonné, participant à des sit-in, subissant une violente attaque de Ku Klux Klan et rejoignant les Black Panthers après l'assassinat de Martin Luther King.

Le Majordome offre ainsi deux regards sur l'histoire récente des Etats-Unis, étroitement liée à l'évolution de la famille de Cecil Gaines, l'image d'un Forrest Gump. Le film nous réserve quelques scènes parfois très fortes (l'attaque du Bus de la liberté) ou particulièrement poignantes, notamment au travers des liens entre le personnage interprété par Forest Whitaker, toujours impeccable, et son fils, en conflit permanent alors qu'ils poursuivent, de façon radicalement différente, les mêmes idéaux. On notera d'ailleurs la qualité du casting, d'une Oprah Winfrey impressionnante à des seconds rôles prestigieux (outre les acteurs interprétant les différents présidents, on croisera Jane Fonda, Lenny Kravitz, Cuba Gooding Jr., Mariah Carey, Vanessa Redgrave ou encore Terence Howard).

S'il n'évite pas toujours un ton moralisateur, Le Majordome est un très bon film, retraçant à l'image de Forrest Gump un pan de l'histoire des Etats-Unis à travers les yeux d'un personnage simple confronté à des événements historiques majeurs, dans la peau duquel Forest Whitaker fait, comme souvent, des merveilles.

Note : 7,5/10


vendredi 18 octobre 2013

Welcome to the Passenger


Titre : Welcome to the passenger
Réalisateurs : Juliette Barry, Azeddine Benamara, Caroline Cesaro, Pierrick Chopin, Corentin Romagny, David Deleplancque, Rémi Delissen, Arthur Dhainaut, Bobby Moon, Guillaume Deraedt, Eric Deschamps, Arnaud Martin, Bruno Nazarko, Nivès, Andy N. Venky, la classe de 1ère L cinéma du Lycée Thérèse d’Avila
Date de sortie en France : 27 septembre 2013
Genre : courts-métrages

Synopsis : Après Welcome to Alabama, Welcome to the Moon et Welcome to Morrow, Welcome to the Passenger est le 4ème appel à films de Dick Laurent. Le principe : réaliser un film d’une durée maximale de 6 minutes en intégrant 3 contraintes : l’action se déroule dans un autre pays que la France, intégrer un travelling compensé et intégrer une séquence d’images d’archives. Au final, 14 courts métrages à découvrir.

Avis : 
Welcome to the Passenger est donc une compilation de 14 courts métrages, reliés par ces 3 contraintes. Des oeuvres diverses et variées, embrassant plusieurs genres, de la comédie potache au thriller en passant par des films plus expérimentaux. Il y en a ainsi pour tous les gouts ou presque, et comme pour tout programme de courts-métrages, les oeuvres sont souvent inégales.


Ainsi, j'ai vraiment trouvé extrêmement lourds Cheval mort (qui arrive en plus très tôt, juste après le très moyen Effet Domino), La Quatrième trompette ou Looking for Mama, dont l'humour très particulier ressemble plus à un délire entre potes qu'à une oeuvre destinée au public. L'Ombre du Roi est en revanche une superbe réussite, mêlant animation et prises de vue réelle pour un conte visuellement sublime. De même, Un train pour la France, hommage à la naissance du cinématographe, est l'un des courts les plus sympathiques.

D'autres sont en revanche bien plus intrigants : Palpitations, Overdose et son héroïne se droguant à la télévision ou Ressac, exploration déstabilisante de la mémoire, presque exclusivement constituée d'images d'archives et rappelant certaines séquences des jeux Assassin's Creed ou le sujet d'Orange mécanique, au point d'imaginer ce court comme une introduction à une oeuvre plus longue. 

Assez inégal, Welcome to the Passenger nous offre donc quelques très bons courts-métrages, mais aussi de bien moins réussis. Certains méritent ainsi d'être revus, tandis que certains font vraiment regretter de voir l'anthologie. Et si on s'amuse devant Loch Mess ou que l'on s'interroge devant L'Incertitude du Présent ou Fenêtres, on oubliera assez rapidement une bonne moitié des courts, comme Bite en bois ou Take Caire. Reste l'intérêt de pouvoir rencontrer certains créateurs des courts...si vous avez, contrairement à moi, la chance de ne pas tomber sur ceux qui ont travaillé sur ceux que vous avez le moins aimés...

Note : 6/10


jeudi 17 octobre 2013

White House down


Titre : White House down
Réalisateur : Roland Emmerich
Acteurs : Channing Tatum, Jamie Foxx, Maggie Gyllenhaal
Date de sortie en France : 4 septembre 2013
Genre : action

Synopsis : 
Membre de la police du Capitole, John Cale vient de se voir refuser le job dont il rêvait : assurer la protection du président des États-Unis. Espérant éviter à sa fille une déception lorsqu’il lui apprendra la nouvelle, il l’emmène visiter la Maison-Blanche. C’est à ce moment qu’un groupe paramilitaire lourdement armé attaque le bâtiment. Alors que le gouvernement américain sombre dans le chaos, Cale va tenter de sauver sa fille, le président, et le pays tout entier…

Avis : 
  Cela faisait tout de même un petit moment que Roland Emmerich ne nous avait pas réalisé un bon gros film d'action bien bourrin à base de testostérone et de patriotisme triomphant. Depuis The Patriot, en 2000, le réalisateur allemand a en effet enchaîné les films d'aventures (10 000), catastrophe (Le Jour d'après, 2012) et le thriller historique (Anonymous). Avec White House down, il vient donc mettre en images l'attaque de la Maison Blanche par un groupe terroriste, bien décidé à mettre la main sur le Président. Heureusement pour le monde libre, un policier venu en touriste passe par là et pourra sauver la mise.


Forcément, le synopsis fait beaucoup penser à un film sorti il y a quelques mois : La Chute de la Maison Blanche. Mais si le film d'Anthoine Fuqua jouait la carte d'un premier degré bas du front aussi nauséabond que réjouissant, Roland Emmerich va quant à lui retrouver son second degré caractéristique, tel qu'on pouvait déjà le retrouver dans Independence Day (que le réalisateur cite d'ailleurs directement) ou Godzilla, quitte à être parfois un peu lourd.

Le film enchaîne donc à un rythme très soutenu les explosions, les fusillades, les morceaux de bravoure, le tout avec une forte tendance à la réplique qui tue, à la touche d'humour un peu grasse, et avec un gentil invincible et surpuissant et des méchants...un peu moins stéréotypés que d'habitude (à quelques exceptions près). White House down nous livre donc exactement ce que l'on en attendait, avec quelques scènes assez folles, comme cette poursuite en véhicule blindé dans le jardin de la Maison Blanche, entre tirs de lance-roquettes, intervention d'un tank et cascades improbables ! 

WHD est donc le bon gros film d'action décérébré que l'on attendait. Mené par un Channing Tatum tout en muscles et un Jamie Foxx en pastiche d'Obama, avec une gamine insupportable qui sauvera des millions de personnes dans un passage directement volé à Rock de Michael Bay, le film de Roland Emmerich s'impose comme l'un des blockbusters d'action musclée de l'année, réussissant presque à faire oublier les nombreuses similitudes avec La Chute de la Maison Blanche

Note : 7,5/10


mercredi 16 octobre 2013

Ilo Ilo


Titre : Ilo Ilo (Bà Mā bù zài jiā)
Réalisateur : Anthony Chen
Acteurs : Yann Yann Yeo, Tianwen Chen, Angeli Bayani
Date de sortie en France : 4 septembre 2013
Genre : drame

Synopsis : 
A Singapour, Jiale, jeune garçon turbulent vit avec ses parents. Les rapports familiaux sont tendus et la mère, dépassée par son fils, décide d’embaucher Teresa, une jeune Philippine. Teresa est vite confrontée à l’indomptable Jiale, et la crise financière asiatique de 1997 commence à sévir dans toute la région…

Avis : 
 Récompensé par la Caméra d'or au dernier festival de Cannes, Ilo Ilo se concentre sur la relation entre Jiale, jeune garçon aussi insupportable à l'école qu'à la maison, et Teresa, jeune Philippine venue travailler à Singapour pour gagner de quoi élever son jeune enfant resté au pays. Une relation d'abord conflictuelle, la jeune femme étant confrontée à la méchanceté et au vice du gamin, qui ne supporte pas de devoir partager sa chambre avec elle : il lui désobéit, lui manque de respect, l'humilie et va jusqu'à la faire accuser de vol.


Une situation qui évoluera progressivement, à mesure que Jiale se découvre une mère de substitution en Térésa, plus présente, plus tendre et meilleure cuisinière que sa propre mère. Il faut dire que ses parents ne sont pas très présents ou attentionnés, touchés de plein fouet par la crise : enceinte d'un second enfant, la mère rédige des lettres de licenciement, menacée elle-même par le fait que le comportement de son fils l'oblige parfois à quitter son lieu de travail ; le père quant à lui, perd rapidement son emploi, mais refuse de l'avouer à sa famille, tentant de survivre de petits boulots et imaginant de multiples solutions désespérées pour remonter la pente.

La jeune Jiale se retrouve ainsi emportée dans une crise familiale qui n'est pas la sienne (un peu à l'image de La Fête du feu de Farhadi), réduite au silence par un statut la rapprochant d'une esclave (ses papiers sont confisqués par la mère, elle ne peut pas manger à la même table que la famille au restaurant...), et constamment sous la menace d'être, elle aussi, renvoyée. Ilo Ilo joue ainsi avec subtilité de ces différentes crises, de ces non-dits, de ces regards, déroulant avec beaucoup de finesse et de pertinence son histoire et l'évolution de chacun de ses personnages.

Il en résulte un très joli film, bien que souvent un peu lent, où la crise économique se fait omniprésente, s'ajoutant à la crise d'un couple incapable d'élever son enfant ou d'avoir une véritable discussion. Une double crise où évoluent Térésa, jeune étrangère esclave moderne, et Jiale, enfant sans repère, dans la fourmilière de Singapour, où la réalisation sobre de Anthony Chen et le talent des 4 acteurs principaux font des merveilles.

Note : 8/10


dimanche 13 octobre 2013

C'est la fin


Titre : C'est la fin (This is the end)
Réalisateur : Seth Rogen, Evan Goldberg
Acteurs : James Franco, Jonah Hill, Seth Rogen
Date de sortie en France : 9 octobre 2013
Genre : comédie, fantastique

Synopsis : 
Invités à une fête chez James Franco, Seth Rogen, Jonah Hill et leurs amis sont témoins de l'Apocalypse.

Avis : 
Cette fois, c'est donc bien la fin de tout : c'est le Jugement Dernier, et si certains sont sauvés, emportés dans les cieux dans une douce lumière bleue, la plupart sont envoyés directement en Enfer. Pour d'autres en revanche, il reste une petite chance, celle de survivre au Purgatoire et de gagner leur place au Paradis. James Franco (127 heures, Spiderman), Jonah Hill (SuperGrave, Le Stratège), Seth Rogen (En cloque, mode d'emploi, Green Hornet), Jay Baruchel (Million dollar baby, Tonnerre sous les tropiques), Danny McBride (Délire express, In the air) et Craig Robinson (Zack et Miri font un porno), réfugiés dans la superbe maison de James Franco vont devoir survivre à l'Apocalypse, aux monstres de l'Enfer...mais également à eux-même, car il n'y a rien de pire qu'un acteur hollywoodien désespéré.


Jouant leurs propres rôles, les acteurs s'amusent donc à s'auto-parodier, à jouer de leur image, n'hésitant pas à se présenter comme les pires enfoirés possibles, comme Michael Cera, hilarant, ou Jonah Hill, parfait en petit hypocrite. Les situations comiques se succèdent à un rythme régulier, montrant par exemple McBride dévorer les réserves du groupe ou Emma Watson craignant de se faire violer par les six hommes. Et quand ils ne sont pas occupés à se mettre des bâtons dans les roues, les survivants doivent affronter divers monstres ou quelques situations rappelant largement quelques classiques du film fantastique, comme L'Exorciste.

Les répliques fusent, et si certains gags tombent à l'eau, C'est la fin (était-il vraiment nécessaire de traduire le titre ?) se révèle être un excellent divertissement, souvent drôle, dans la lignée de ce que nous ont déjà offert Rogen, Hill et les autres. Très souvent drôle, parfois piquant, voilà sans doute l'une des meilleures comédies de l'année.

Note : 8/10


jeudi 10 octobre 2013

Grand central


Titre : Grand central
Réalisatrice : Rebecca Zlotowski
Acteurs : Tahar Rahim, Léa Seydoux, Olivier Gourmet
Date de sortie en France : 28 août 2013
Genre : romance, drame

Synopsis : 
De petits boulots en petits boulots, Gary est embauché dans une centrale nucléaire. Là, au plus près des réacteurs, où les doses radioactives sont les plus fortes, il tombe amoureux de Karole, la femme de Toni. L’amour interdit et les radiations contaminent lentement Gary. Chaque jour devient une menace.

Avis : 
 Très librement inspiré du livre La Centrale d'Elisabeth Filhol, Grand central met donc en scène deux des jeunes acteurs français les plus intéressants du moment, Tahar Rahim (Un prophète, Le Passé) et Léa Seydoux (Les Adieux à la Reine, La Vie d'Adèle), pour une histoire d'amour compliquée dans un cadre très particulier : celui d'une centrale nucléaire, où travaillent le mari de Karole et Gary, qui deviendra rapidement son amant.


Ainsi, à l'histoire assez classique de la jeune femme adultère qui trompe son mari avec un homme plus jeune et plus séduisant répond sans cesse l'environnement, anxiogène par nature, du lieu de travail, où chaque mouvement peut être dramatique, où la confiance entre équipiers doit être maximale, et où la radioactivité s'infiltre constamment, comme un poison contre lequel on ne peut lutter...tout comme la jalousie. Le parallèle est ainsi (trop) évident, laissant craindre à chaque instant une issue fatale, rendant surtout chaque passage au milieu des radiations assez pesant.

Hélas, si les acteurs donnent tout ce qu'ils ont, l'ensemble manque clairement de souffle et s'avère quand même assez répétitif, d'autant que la réalisatrice ne semble pas vouloir aller au bout de ses idées, nous offrant un final vraiment raté, comme une espèce de contre-pied de tout ce qu'on a vu jusque là.  Les personnages secondaires sont souvent rapidement abandonnés alors qu'ils apportaient toute la profondeur du film, de la débrouillardise et l'insouciance peu à peu éteinte des plus jeunes à la lassitude des plus anciens.

On reste donc un peu sur notre faim avec ce Grand central, qui vaut donc surtout pour la prestation de son duo de héros et pour la centrale nucléaire, véritable personnage à part entière plutôt qu'une simple toile de fond, donnant au film quelques passages anxiogènes, mais au service d'une thématique assez scolaire...

Note : 6,5/10


mercredi 9 octobre 2013

Lettre à Momo


Titre : Lettre à Momo (Momo e no tegami)
Réalisateur : Hiroyuki Okiura
Acteurs : Karen Miyama, Yûka, Toshiyuki Nishida
Date de sortie en France : 25 septembre 2013
Genre : animation, drame

Synopsis : 
Momo quitte la ville pour s'installer avec sa mère sur l'île de Shio, petite île où le temps semble s'être arrêté. Momo n'est pas particulièrement heureuse d'être là, d'autant qu'elle est préoccupée par un début de lettre que son père, disparu en mer, lui a écrite : "Chère Momo...". Que voulait-il vraiment lui dire ? Un jour, alors qu'elle fouille le grenier, elle trouve un vieux livre et sa vie va se trouver bouleversée par l'apparition de trois étranges créatures...

Avis : 
Pour son second film, après Jin-Roh : la brigade des loups, Hiroyuki Okiura livre un film assez étrange, la maturité des thèmes abordés (le deuil, la maladie) tranchant avec une ambiance générale assez enfantine, avec des dessins et des situations très légers. Ainsi, l'ensemble du film est hanté par le spectre du père de Momo, disparu tragiquement en mer, laissant la jeune fille culpabiliser (les derniers mots qu'elle lui a adressés étant "je te déteste, ne prends pas la peine de revenir") et sa mère dissimuler son chagrin pour ne pas peiner davantage sa fille, tout en devant faire face à un quotidien difficile et à sa maladie.


Une situation triste donc, qui contrastera avec les personnages des Yokai. Iwa le géant au rictus inquiétant capable de courir extrêmement vite, Kawe aux allures d'amphibien, mais qui déteste la pluie et est capable de faire des pets nauséabonds, et Mame, petite créature à la langue interminable et ayant une forte tendance à l'amnésie. Gourmands, maladroits, menteurs, voleurs, ils sont au centre de nombreux gags assez puérils, tout en ayant dans le film un rôle assez profond, en tant que protecteurs d'Ikuko et Momo.

Ce mélange entre maturité et légèreté fait en fait inévitablement penser à Hayao Miyazaki : si Okiura s'est effectivement entouré de grands talents de l'animation japonaise comme Masashi Ando (qui a travaillé sur Princesse Mononoké) ou Hiroshi Ohno (Kiki, la petite sorcière), on pense surtout au Voyage de Chihiro, à Mon voisin Totoro voire à Ponyo sur la falaise. Une comparaison forcément difficile, puisque Lettre à Momo, aussi sympathique soit-il, n'approche jamais la poésie ni la profondeur de ces oeuvres. L'aspect humoristique tout comme l'aspect dramatique restent ainsi en surface, et si le film réserve quelques jolies fulgurances visuelles, comme ce tunnel vivant de créatures fantaisistes (on pense cette fois au défilé de Paprika, sur lequel Okiura fut d'ailleurs animateur).

Bref, s'il reste agréable à regarder, bien qu'un peu long, Lettre à Momo reste très moyen au regard des géants de l'animation japonaise actuelle, dont il reprend les thèmes essentiels (le retour à la nature, le respect des traditions...). Heureusement, l'héroïne est plutôt attachante, et les Yokai réservent quelques bons moments, le tout se mettant vraiment en branle lors d'une dernière partie très réussie. A voir, mais on lui préfèrera largement un bon Ghibli ou un Mamoru Hosoda, par exemple.

Note : 7/10 

 

samedi 5 octobre 2013

Jean de la Lune


Titre : Jean de la Lune (Moon man)
Réalisateur : Stephan Schesch
Acteurs : Katharina Thalbach, Tomi Ungerer, Michel Dodane
Date de sortie en France : 19 décembre 2012
Genre : animation, aventures

Synopsis : 
 Jean de la Lune s’ennuie tout seul sur la Lune. Il décide de visiter la Terre. Un jour, il s’accroche à la queue d’une comète et atterrit chez nous. Le Président du Monde, persuadé qu’il s’agit d’un envahisseur, le pourchasse. Pour lui échapper, Jean de la Lune va devoir compter sur les enfants et ses amis…

Avis : 
  Adapté du livre de Tomi Ungerer Der Mondmann, Jean de la Lune est un film d'animation en 2D principalement adressé à un public enfantin : avec ses thèmes universels (l'amitié, la nature) et son dessin simple, sa gentille morale, son héros tout gentil et son antagoniste bête et méchant.


On assiste ainsi à une histoire assez basique, le gentil Jean, ami de tous les enfants, étant pourchassé par les grandes puissances de notre monde horriblement capitaliste, qui cherche encore et toujours de nouveaux terrains de chasse et de nouveaux ennemis à combattre alors que la planète lui appartient. Heureusement, le plus grand inventeur du monde et les enfants vont se liguer pour permettre au sélénien de retourner sur sa Lune pour veiller sur le sommeil, mais aussi pour le ramener dans la mémoire des adultes qui ont perdu leur magie.

Une magie qui opère d'ailleurs étrangement malgré l'aspect très léger du film. L'humour fait souvent mouche, et le dessin, très pur, lorgne par moments du côté de l'expressionnisme allemand. De même, la caricature des différents personnages étant assez légère, elle prend plutôt bien, et si le personnage de Jean de la Lune paraîtra forcément un peu étrange à un adulte, notamment avec sa voix bizarre, on s'amuse vraiment aux dépens du Président du Monde.

Jean de la Lune est donc une jolie petite fable clairement destinée aux enfants, mais que la qualité de dessin et la légèreté ne rendent pas impossible à regarder avec des yeux d'adultes. Et si le tout est diablement convenu, on passe un agréable moment devant ce film d'animation pas comme les autres, malgré quelques longueurs.

Note : 6,5/10


vendredi 4 octobre 2013

Alabama Monroe


Titre : Alabama Monroe (The Broken circle breakdown)
Réalisateur : Felix Van Groeningen
Acteurs : Johan Heldenbergh, Veerle Baetens, Nell Cattrysse
Date de sortie en France : 28 août 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Didier et Élise vivent une histoire d'amour passionnée et rythmée par la musique. Lui, joue du banjo dans un groupe de Bluegrass Country et vénère l'Amérique. Elle, tient un salon de tatouage et chante dans le groupe de Didier. De leur union fusionnelle naît une fille, Maybelle...

Avis : 
Alabama Monroe est un film dramatique belge, racontant l'histoire entre Didier et Elise, de l'amour intense qu'ils vivront au début de leur relation jusqu'à cet éloignement progressif à la suite de la mort de leur fille. Rythmé par les morceaux de bluegrass country, le film va traiter du deuil, de la façon dont chacun va le vivre et des répercussions sur le couple dont l'amour fusionnel dissimulait finalement deux caractères bien différents.


Car Didier ne croit pas à une vie après la mort, préférant ressasser les causes ayant conduit au décès de sa fille : le mode de vie décomplexé du couple, la pression religieuse empêchant la recherche sur les cellules souches...Elise quant à elle, se réfugie dans l'espoir d'une réincarnation, d'une vie au-delà de la mort. Les disputent de multiplient alors, chacun campant sur ses positions, Didier utilisant la scène comme moyen de contestation, tandis qu'Elise cherche à oublier son passé en changeant d'identité et en utilisant le chant comme exutoire - un exutoire que lui refuse Didier.

Porté par les interprétations impressionnantes de Johan Heldenbergh et Veerle Baetens, étonnants de naturels, Alabama Monroe prend aux tripes, et s'avère terriblement poignant. Sans jamais utiliser d'artifices superflus, Van Groeningen parvient à nous émouvoir avec le destin tragique de la jeune Maybelle et le désespoir du couple perdu, jusqu'à un final magnifique. Le seul petit bémol vient sans doute de cette construction non linéaire qui ne sert finalement qu'à un seul moment. On appréciera en revanche la simplicité et la sobriété de l'ensemble, dont les moments d'euphorie, illustrés par les morceaux très entraînants de country, renforcent la puissance des passages plus tristes.

Cela n'empêche pas Alabama Monroe d'être un des plus beaux films de l'année, un drame très émouvant où les deux acteurs principaux sont en état de grâce. Après Bullhead, dans un registre bien différent, voilà une nouvelle pépite venue d'outre-Quiévrain.

Note : 9/10


jeudi 3 octobre 2013

Drôles d'oiseaux


Titre : Drôles d'oiseaux (Zambezia)
Réalisateur : Wayne Thornley
Acteurs : Jeremy Suarez, Abigail Breslin, Jeff Goldblum
Date de sortie en France : 14 août 2013
Genre : animation, aventures

Synopsis : 
Au cœur de l’Afrique, au bord des majestueuses chutes Victoria, se dresse l’étonnante Cité des Oiseaux, Zambezia, perchée sur un baobab géant. C’est là que se rend Kai, un jeune faucon qui vit isolé avec son père dans la brousse et rêve de connaitre la ville.

Avis : 
Film d'animation sud-africain, Drôles d'oiseaux nous emmène donc en Afrique, au coeur d'un baobab géant peuplé de centaines d'oiseaux. On s'attendait alors à un joli spectacle, à des couleurs flamboyantes, tel qu'on avait pu le voir dans la série Madagascar. Hélas, le film de Wayne Thornley va évidemment souffrir de la comparaison avec un modèle que l'on a l'impression de voir à chaque plan.


Si on n'est pas surpris par le ton plutôt enfantin de l'ensemble, avec cet adolescent rebelle et courageux qui sauvera la communauté, ces thèmes fédérateurs et ces personnages hauts en couleur (l'éternel sidekick humoristique, la jolie camarade dont le cynisme cache la douceur), on l'est un peu plus devant une animation souvent très moyenne et très fade : le fameux baobab accueillant les oiseaux est à titre très décevant, et on ne croit à aucun moment qu'il renferme réellement les endroits que l'on verra plus tard dans le film, et les oiseaux sont souvent...moches, étrangement lisses.

L'histoire ne réserve quant à elle aucune surprise, les personnages étant très archétypaux et leurs relations évoluant avec une finesse assez puérile. Et si quelques scènes spectaculaires viennent pimenter le film, on restera la plupart du temps en dehors de cette aventure clairement destinée aux enfants...qui auront quand même l'embarras du choix pour trouver bien meilleur divertissement !

Note : 4/10