samedi 8 juin 2013

Une séparation


Titre : Une séparation (Jodaeiye Nader az Simin)
Réalisateur : Asghar Farhadi
Acteurs : Leila Hatami, Peyman Moadi, Shahab Hosseini
Date de sortie en France : 8 juin 2011
Genre : drame

Synopsis : 
Lorsque sa femme le quitte, Nader engage une aide-soignante pour s'occuper de son père malade. Il ignore alors que la jeune femme est enceinte et a accepté ce travail sans l'accord de son mari, un homme psychologiquement instable… 

Avis : 
 Cinquième film d'Asghar Farhadi, Une séparation est l'oeuvre qui a consacré le réalisateur iranien aux yeux du monde, lui apportant un nombre remarquable de récompenses, parmi lesquelles l'Oscar du meilleur film en langue étrangère et le César du meilleur film étranger. Pourtant, à bien y regarder, le film comporte déjà en germes les légers défauts que l'on retrouvera de façon plus évidente dans Le Passé.


Bien sûr, le scénario est particulièrement prenant, avec cette évolution constante de la vérité perçue par le spectateur, une vérité forcément dénaturée par les mensonges et les non-dits des différents protagonistes, mais aussi par des facteurs extérieurs comme le besoin d'argent, la religion, la pression de la famille ou les menaces. Si dans le Rashomon d'Akira Kurosawa, le témoignage apparaît comme une preuve peu fiable au regard de la perception particulière que chacun peut avoir des faits, dans Une séparation, il est totalement vicié par la volonté de chacun de cacher une autre vérité. Farhadi brouille ainsi parfaitement les pistes, nous révèle les indices capitaux au compte-gouttes, et renverse ainsi régulièrement l'attachement que l'on éprouve pour les personnages, tour à tour victimes ou complices de la situation de crise.

Une crise directement issue de cette séparation entre Simin et Nader, à partir de laquelle Asghar Farhadi va évoquer l'éloignement progressif entre diverses strates de la société : la classe moyenne est ainsi clairement opposée aux plus démunis, la religion se heurte à une vision plus pragmatique, et le mode de vie occidental, symbolisé par Simin et sa volonté de quitter le pays, est confronté à une conception plus classique et fondée sur la famille. Des thèmes classiques chez Farhadi, mais surtout des thèmes qu'il a déjà traités de façon plus pertinente dans ses films précédents. 

On a ainsi par moments l'impression que le réalisateur iranien joue la carte de la facilité, récitant sans grande imagination les recettes qui ont déjà fonctionné dans les films précédents, en obéissant finalement à un schéma quasiment identique, ponctué de révélations soudaines destinées à faire avancer l'intrigue et à destabiliser le spectateur. Si cela fonctionne toujours, le trait semble un peu plus forcé qu'à l'accoutumée, ce que confirmera Le Passé

Une séparation reste donc un excellent film, auquel je préfére néanmoins les films précédents de Farhadi. Il ressemble en fait à une transition entre ses premières oeuvres et son dernier film, tourné en France, les thèmes universels prenant peu à peu la place de la chronique de la société iranienne. Et si le scénario reste toujours aussi prenant, l'interprétation toujours aussi réussie, le cinéma d'Asghar Farhadi se fait ici plus classique, mettant de côté ses spécificités si réjouissantes...

Note : 8/10



Du même réalisateur : 
Les Enfants de Belle Ville, La Fête du feu, Le Passé

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire