jeudi 20 juin 2013

Only God forgives


Titre : Only God forgives
Réalisateur : Nicolas Winding Refn
Acteurs : Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas, Vithaya Pansringarm
Date de sortie en France : 22 mai 2013
Genre : thriller

Synopsis : 
À Bangkok, Julian, qui a fui la justice américaine, dirige un club de boxe thaïlandaise servant de couverture à son trafic de drogue.
Sa mère, chef d’une vaste organisation criminelle, débarque des États-Unis afin de rapatrier le corps de son fils préféré, Billy : le frère de Julian vient en effet de se faire tuer pour avoir sauvagement massacré une jeune prostituée. Ivre de rage et de vengeance, elle exige de Julian la tête des meurtriers. 


Avis : 
Jusqu'à présent, le cinéma de Nicolas Winding Refn m'a toujours laissé de marbre : Drive n'avait pas été la claque annoncée, j'avais trouvé Valhalla Rising plutôt vain, Bronson sans grand intérêt et sa trilogie Pusher franchement anecdotique. Pourtant, il faut bien l'avouer, la controverse née lors du passage à Cannes de ce Only God forgives, où il fut hué, a attisé ma curiosité, malgré la présence en tête d'affiche d'un acteur qui commence sérieusement à m'agacer, Ryan Gosling (The Place beyond the pines, Gangster squad) et ses éternels rôles d'homme mystérieux, inexpressif et mutique.


Et cette fois, ma curiosité a été amplement récompensée : Only God forgives est une véritable claque, une impressionnante descente aux Enfers filmée de main de maître par Refn et interprétée à la perfection par une Kristin Scott Thomas détestable et un Vithaya Pansringarm impresionnant de charisme. Le réalisateur danois nous plonge dans un Bangkok entre western asiatique et onirisme, alternant réglages de compte d'une violence extrême et visites fantasmagoriques dans ce que la ville fait de plus sombre. 

Il fait ainsi naître un véritable malaise en enfermant ses personnages au milieu de couloirs étroits, entre les montants d'une porte ou d'une fenêtre...Ils y apparaissent ainsi un peu trop présents, presque comme des éléments extérieurs au décor auquel ils semblent ne pas appartenir, dans un cadre qui devient plus haut que large, tel un miroir ou un poster, ou tout simplement une entrée vers une autre réalité. Cette utilisation des décors, aux couleurs chaudes (les bordels baignent dans des lumières rouge, orange et jaune), à l'atmosphère irréelle, n'est d'ailleurs pas sans rappeler Stanley Kubrick, Gaspar Noé ou même David Lynch, et renforce l'aspect profondément anxiogène de OGF. Refn parsème de plus ces murs d'éléments mythologiques et fantastiques, les dragons et autres monstres observant et jugeant ainsi en permanence des personnages totalement étrangers aux notions de Bien ou de Mal.


Des personnages qui semblent eux-mêmes étrangers à notre monde, de la mère gorgonesque, incestueuse et castratrice, humiliant constamment son fils, à ce policier omnipotent et omniscient, véritable Dieu d'une Justice radicale et invincible. Vithaya Pansringarm crève d'ailleurs l'écran dans ce rôle, dévorant littéralement Ryan Gosling dans une interprétation toute en mutisme et en intensité, dégageant malgré un physique classique un étonnant charisme. 

Bref, oublié mon ennui devant ses oeuvres précédentes : Only God forgives me réconcilie immédiatement avec Nicolas Winding Refn, et me donne même envie de me replonger dans sa filmographie. Une oeuvre furieuse et destabilisante, un voyage dans un horrible Labyrinthe qui, s'il cache bien un monstre en son sein, ne nous offre aucune Ariane pour en sortir.

Note : 9,5/10



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